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Atelier de Robert Rapilly
Une quatrine se compose de trois strophes de quatre vers, où les rimes permutent selon le schéma : ABCD, DACB, BDCA.
Une quatrine tétracéphale est écrite par une équipe de quatre
auteurs, trois vivants et un mort. Un auteur écrit le premier vers de
chaque strophe, un autre le deuxième, etc. Le mort est responsable du
troisième vers, qui reste le même dans les trois strophes et qui a
généralement été écrit à l'avance, avant son décès.
Il s'agit ici d'écrire des quatrines tétracéphales dont les
mots-rimes et le troisième vers ont été choisis à l'avance, en respectant
des consignes précises pour les trois autres vers :
- le premier vers de chaque strophe est un complément circonstanciel ;
- dans le deuxième, le sujet du verbe à la rime est « tu » ;
- le troisième est le complément d'objet direct du verbe qui termine le deuxième ;
- le quatrième est une subordonnée relative ayant pour antécédent le dernier mot du troisième.
De cette façon les strophes des différentes quatrines sont
interchangeables. À partir des 7 quatrines composées pendant
l'atelier et des quatre vers choisis par Robert Rapilly pour tenir la troisième place
il est possible d'obtenir 7×7×4×7 = 1372
strophes différentes.
Valentin, Gilles, Stéphane Mallarmé (d'après Apparition), Françoise
En arpentant l'usine aux parois végétales,
Tu comprends la rougeur du ciel, alors tu sors
Des mains laissant neiger de blancs bouquets d'étoiles
Dont la chute en stagnant sonne un glas en ton fors.
La chaine d'assemblage se déploie alors
En décomposant vers la geôle où tu détales
Des mains laissant neiger de blancs bouquets d'étoiles
Dont tu remplis le fond de ces clairs corridors.
L'entrepôt bien rempli, achevés les décors,
Pris d'un original radotage, ressors
Des mains laissant neiger de blancs bouquets d'étoiles
Dont les sombres pâleurs s'écoulent en pétales.
Nicolas, Dominique, Mallarmé, Zénon
Sous le sombre couvert de splendeurs végétales
Hors d'un rêve éveillé, de tes poches tu sors
Des mains laissant neiger de blancs bouquets d'étoiles
Dont les rayons glacés réchaufferont nos fors.
Dans l'hivernal printemps, aujourd'hui comme alors,
En rêvant de soleil pas à pas tu détales.
Des mains laissant neiger de blancs bouquets d'étoiles
Dont l'éclat s'éteindra, t'ouvrent des corridors.
Quand la vie plante ici la scène et les décors,
Cousant la métaphore au linceul, tu ressors
Des mains laissant neiger de blancs bouquets d'étoiles
Dont l'ombre lourde fuse en gerbes de pétales.
Gilles, Françoise, Victor Hugo (Booz endormi), Valentin
Dans l'océan obscur où gravitent les squales
Tu vois passer ta vie et, des deux mains, tu tords
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles
Dont grésillent les cieux, d'anciens transistors.
Plongé dans l'onde où rient de nébuleux stentors
Tu coupes dans la nuit de la vague et étales
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles
Lesquelles s'évaporent au son des ténors.
Dès que vents et saisons deviennent quatuors
Comme un croissant doré, tu tords et tu retords
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles
Que je range dans ma boîte à woks et à poêles.
Nic, Alain, Hugo, Georges
Dans les courants marins, sous l'éperon des squales
De l'astre de la nuit tous les rayons tu tords
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles
Dont le son étouffé remplit les transistors.
Détonnant, pourfendant, tonnant en fiers stentors
Ô folle du logis brusquement tu étales
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles
Dont l'élan lumineux fait trembler les ténors.
En quadrilles, en quatrains, somptueux quatuors
Petite reine azurée enfin tu retords
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles
Dont le frisson joyeux fait redresser les poêles.
Yves, Marie-Pierre, Pierre Corneille (Le Cid), Olivier
Par les ruelles d'or en singuliers dédales
En clameur sans écho par ta voix tu endors
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Dont seul je me défends, dans un vain corps à corps
Sans perdre un seul instant, face à tous tes records
Obstinée, ambitieuse, tu masques sous tes voiles
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Tranchante comme la lame dont usent les matadors
Par les colimaçons des vils escalators,
Ainsi qu'une héroïne enjôleuse, tu rendors
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Au cinématographe, dont je déchire les toiles.
Françoise, Valentin, Corneille, Gilles
Dans la nuit qui blanchit, terrifié jusqu'aux moelles,
Entends le vide étroit, raisonne-le, endors
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Dont tu chéris de loin le calme corps-à-corps.
Dans ces proches lointains où tout n'est que records
Jadis on entrevit, quand tu hissas les voiles
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Dont le voile auroral calme les matadors.
Quand tombant vers le haut, glissant d'escalators,
Enfin tu toucheras, là où tu te rendors,
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Aux dessins effacés d'araignées sans leurs toiles.
Alain, Georges, Victor Hugo (Abîme – La Voie Lactée), Nic
Dans cent de ses seins ceints, de ses saintes fœtales,
Dans l'océan sublime où quelquefois tu mords,
Millions, millions et millions d'étoiles
Dont la comète gonfle en boas constrictors.
Jamais au grand jamais, jamais coucher dehors
Le ciel lumineux que soudain tu dévoiles
Millions, millions et millions d'étoiles
Dont l'éclat fou répond aux feux conquistadors
Dans l'avenir passé, tous les alligators
Sans remords et sans fin, et encor tu remords
Millions, millions et millions d'étoiles
Dont le poison câline en des vigueurs létales.