Vous êtes Dieu.
Cette semaine, vous avez décidé de créer le monde. Avant-hier vous avez fait la lumière. Hier vous avez fait le ciel. À présent vous vous apprêtez à séparer les mers des continents.
Soudain, un doute vous saisit : comment répartir au mieux les eaux et les terres émergées sur cette boule vierge ? Quelles formes donner aux continents ? Quelle disposition sera la plus belle, la plus commode, la plus logique ou la plus originale ? Mieux vaut préparer soigneusement le projet avant de se lancer dans sa réalisation.
Prenez une boule et un marqueur. Coloriez les emplacements des continents et des îles en laissant en blanc les mers et les lacs. Puis justifiez vos choix en écrivant sur une feuille en quoi cette répartition est la meilleure possible, afin que les Hommes comprennent vos dess(e)ins et rendent gloire à votre infinie sagesse pour les siècles des siècles.
Je suis Dieu, mais un dieu littéraire. Le monde que je crée pour les humains, je le veux exempt de continents. Les continents, c'est trop grand pour eux, ils finissent par se taper sur la gueule. Aussi mon monde ne sera fait que d'îles littéraires. L'île du A chère à Philémon et à son papa Fred, l'île du Docteur Moreau où Wells a situé l'action de son roman d'horreur, W, l'île du souvenir d'enfance de Perec, l'île aux trente cercueils où Maurice Leblanc ne fait apparaître arsène Lupin que dans la deuxième partie, l'île mystérieuse de Jules Verne, où les naufragés sont secourus par un mystérieux bienfaiteur, le capitaine Nemo, l'île au trésor de Stevenson, l'île de Choir, de Chevillard, sur laquelle la pesanteur est terrible, les punaises nombreuses, et qui possède une mer intérieure, l'île de la Déception dont j'ai parlé dans Blog O'Tobo mais Cendrars mieux que moi dans Dan Yack...
Avant de me pencher sur le cas pesant de la gravitation, conserver l'eau à l'intérieur de la planète, au moins elle ne tombera pas !
Demain je m'attaque aux chocolats fourrés, mieux vaut le faire avant de créer l'homme, on ne sait jamais, il pourrait me piquer l'idée.
Géographie simple, côte découpée pour briser la monotonie, mais un seul continent que l'on peut parcourir d'un bout à l'autre sans avoir à prendre l'avion, plus besoin d'aéroport, des Landes ou d'ailleurs. Océan unique baignant toutes les latitudes.
Ah, les hommes ! Voilà le problème ! Comment leur faire comprendre que pour survivre et avancer, ils ont besoin de s'entr'aider, de travailler ensemble et en bonne entente. Donc des territoires de types différents – pour favoriser l'éclosion des espèces diverses et variées – mais toutes pareilles, toutes petites et toutes reliées entre elles. Pour favoriser l'ouverture, la communication et l'entr'aide.
En hommage à la Terre, je la couronne : de continents à l'Équateur où il fait beau et chaud, d'îles diverses aux pôles pour se rafraîchir quand il fait trop chaud à l'Équateur. Et pour aller des unes à l'autre j'ai inventé les bateaux que vous voyez en pointillé. Comme ça les hommes n'auront pas besoin de se casser la tête pour traverser les mers qui couvrent une bonne partie de ma création – parce qu'il faut bien boire et se laver – à moins que je ne me sois trompé : elle est peut-être trop salée ?? Heureusement il y a les lacs et les rivières. On peut aussi se servir de mes bateaux en eau douce. Merci à Moi.
Le septième jour, Dieu dit : « Rationalisons ! »
L'océan couvrira la moitié de la Terre, et sera appelé :
l'Hémiocéan, dans lequel vivront toutes les créatures sachant nager.
De l'autre côté, vivront toutes les créatures ne sachant pas nager.
Quant à l'Homme, il vivra dans une ville appelée Capitale, ou dans une
ville appelée HémiCapitale, ou dans une vlle qu'on appellera
Grande Ville. Ceux qui ne veulent pas vivre avec les autres, ou ceux
qui sont lents, vivront soit dans :
Quelqu'uns préfèreront « Hémitrou ».
Continent A : c'est le jardin d'enfants. Y naissent et grandissent tous les bébés de l'humanité, jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment grands et forts pour entamer leur traversée jusqu'au continent B.
Continent B : l'apprentissage du langage. C'est là où grandissent, mûrissent et s'éduquent toutes les personnes en devenir.
Continent C : l'apprentissage des sciences et de la technique. Ayant précédemment appris à s'exprimer et à recevoir le savoir, c'est ici que les humains acquièrent les secrets du monde et de la théorie.
Continent D : fabrication des pizzas. C'est là que, devenus adultes, les humains s'emploient à permettre à tous leurs congénères de se nourrir et de survivre. (Oui, sur cette planète l'on ne mange que des pizzas.)
Continent E : fabrication des ordinateurs. Ce continent n'est qu'une usine gigantesque où les humains fabriquent et entretiennent les machines servant à transmettre l'héritage intellectuel et scientifique de l'humanité.
Continent F : production de la connaissance et des bébés. C'est ici que les adultes d'âge mûr alimentent les grandes bibliothèques dématérialisées qui permettent, notamment, au enfants des continents B et C d'apprendre le nécessaire. C'est également là que sont conçus et/ou fécondés les embryons qui partent ensuite vers le continent A.
Continent G : tous les humains ne parviennent pas jusqu'à ce
continent ; la plupart, en fait, se satisfait d'avoir contribué à la
survie et au progrès de l'humanité. Ceux et celles qui, néanmoins,
souhaitent accéder à un plan plus élevé, viennent s'installer ici
pour apprendre la broderie, jouer de la musique, faire des sudokus et
s'inscrire à la liste Oulipo.
Ce continent est celui de l'inutilité.
Il est, donc, le plus essentiel.
Tout le monde veut habiter au bord de la mer. Ainsi, toutes les terres forment une île longue qui s'enroule plusieurs fois autour de la Terre. Au nord, le grand océan, lieu terrible. L'île commence, s'enroule. entre les bras de l'île est la lagune. Au milieu de l'île, le lac, pour que les habitants puissent se baigner dans une eau calme. Au pôle sud, Port Vortex, dans lequel peuvent s'abriter les voiliers.
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