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Cahier des charges
Atelier animé par François

Avant d'écrire Ulysse, James Joyce a rédigé un « cahier des charges » — et même deux — détaillant les règles que devrait respecter l'écriture de chaque chapitre du roman. Marchant sur ses traces, Georges Perec a fait de même pour La Vie mode d'emploi.

Suivant l'exemple de ces glorieux ancêtres, composez le cahier des charges du roman qui pourrait devenir le grand œuvre de votre vie.

Nic

Voici donc mon cahier des charges pour construire un roman qui aurait pour titre « Onze » (déclinant ce nombre en respectant 11 contraintes !).

Onze raconte l'histoire d'un événement se passant le vendredi 11 février 2011. C'est le lendemain de la clôture d'un long procès d'assises auquel ont assisté, en qualité de jurés, les personnages dont on va suivre les aventures en ce jour d'hiver parisien. Ils ont été tirés au sort pour participer à cet acte de la justice française pour lequel ils ont dû déclarer en leur âme et conscience l'accusé « coupable » ou « innocent ». Il s'agissait de statuer sur la culpabilité ou pas d'un individu soupçonné d'avoir tué un garçonnet de 11 ans trouvé inanimé à 23h, par une nuit sans lune, sur le parvis de la Gare de l'Est. Le supposé coupable est le 6e garçon d'une famille nombreuse, aîné de 5 sœurettes nées après lui. Père alcoolique, mère addicte aux anti-dépresseurs, il a grandi à la va comme j'te pousse... La collaboration quotidienne des jurés, dont les existences n'étaient pas, a priori, censées se croiser (âge, sexe, milieu professionnel, classe sociale, origine géographique, orientation politique, religieuse divers), a cependant créé une complicité, soudant le groupe au fil des semaines en un lien qui a débouché sur une amitié tant réelle qu'inattendue. Il a été à l'unanimité décidé de se réunir, pour marquer la fin de leur commune tâche citoyenne de jurés, en une soirée où chacun apporterait à boire ou à manger, ainsi que son livre de chevet et l'enregistrement de sa musique ou chanson préférée.

1ère contrainte concernant la structure du livre : ce roman est composé de 11 chapitres :

Les chap 4 à 10 ([1+2+3+4+5+6+7] x 11) = 308 pages.

Le roman sera constitué de 400 pages, étant entendu que les autres pages [suivant la 1ère de couverture + précédant la 4e de couverture + la somme des pages des 3 premiers chapitres + celles de l'index + les pages vierges d'inter-chapitres + des illustrations éventuelles sous forme de photos ou graphiques] seront au nombre de 88 (= 8 x 11).

308 + 88 = 396... Étant donné que les imprimeurs construisent un livre en pliant de grandes feuilles formant des feuillets de 32, 16, 8, 4 pages... il conviendra donc d'ajouter 2 feuilles blanches (4 p.) au contenu du roman : 396 + 4 = 400 → Le livre « Onze » aura 400 pages [404 pages si on ajoute un feuillet de 8 p. ou 412 p. si on ajoute un feuillet de 16p. En ce cas, constatons que 412 = 400 + 11 + 1).

2e contrainte temporelle : 11.02.2011. est un palindrome (date composée de 11 caractères typographiques, ponctuation comprise).

3e contrainte temporelle : Les 2 rdv marquants de cette journée ont lieu à 11h11 du matin puis à 11h11 du soir.

4e contrainte : Ce récit concerne 11 personnes qui ont été convoquées pour être jurés d'Assises.

5e contrainte spatiale : Cette histoire se passe dans le 11e arrrondissement de Paris.

6e contrainte spatiale : le prévenu dont c'est le procès a commis un meurtre sur la Place du 11 novembre 1918, devant la Gare de l'Est.

7e contrainte spatiale : les 11 jurés habitent tous au n° 11 de leurs rues respectives. Il y a dans leurs 11 adresses un nombre dans l'écriture du nom de leur artère (rue, impasse, passage). Ils habitent dans 11 arrondissements distincts :

8e contrainte : chacun des 11 personnages se rendra dans un des marchés parisiens proches de son domicile, dans 11 arrondissements différents :

9e contrainte : Chacun des 11 jurés rencontrera un chaland d'une spécialité différente chez qui il fera un achat [pour la fête qui les réunira ce soir du 11.02.2011 pour honorer l'issue heureuse du procès où ils ont fait connaissance] :

10e contrainte : Les 11 chalands de ces 11 marchés sont de nationalité françaises (la plupart d'entre eux l'ont obtenue après procédure de naturalisation) : leurs 11 pays (ou régions) d'origine ont pour initiales les 11 premières lettres de l'alphabet latin de A à K.

11e contrainte : Chacun de ces personnages aura un trait de caractère ayant un rapport (de similitude ou au contraire d'opposition) avec l'adjectif de sa nationalité (que ce soit le fond [clichés, préjugés attachés aux habitants des différents pays] ou la forme [phonétique]. Ces données [idées reçues ou sonorités des syllabes] permettront de jouer en construisant les portraits desdits commerçants : leurs personnalités, leurs comportements et donc, ce qu'ils seront amenés à faire au cours des chapitres, sera induit par cette contrainte :

Nota Bene : Les occurrences du nombre « ONZE » ne seront pas soulignées dans le roman. Ainsi, le Vendredi 11 février 2011 n'y sera pas écrit sous sa forme palindromique — 11.02.2011. —, c'est au lecteur de découvrir le palindrome. J'aime semer dans mes romans des petites clés éparpillées dans les lignes... Libre au lecteur de les détecter ou pas. Rares sont ceux qui remarquent ce qui se cache dans les noms des personnages (par exemple, Yonna Jetuilon et Yann Orion dans « Attention ! » → Jetuilon étant la succession des pronoms personnels singuliers Je-Tu-Il-On et l'acronyme de Yann Orion formant « YO » = « Je » en espagnol indiquant qu'auteure, je m'exprime par la voix de Yann ; dans « Totémisés », le patronyme de Françoise Linsireau est une anagramme de « insulaire », Françoise Ignurés celui de « insurgé »... Dans ce livre où les prénoms des personnages principaux commencent tous par un C ou un E, le lecteur n'est pas censé savoir que ces initiales forment l'acronyme C.E. pour Communauté Européenne, puisqu'ils se baladent entre la France, l'Espagne, l'Italie...) Chacun des 11 chapitres de Onze aura tour à tour 1 des 11 jurés comme protagoniste. C'est au lecteur de s'amuser à retrouver les correspondances avec le nombre « Onze » noyées, disséminées au fil de l'histoire... étant entendu que le titre du livre « Onze » l'aide suffisamment, sans qu'il n'ait besoin d'indications supplémentaires !

Alain

La structure de base utilisera le carré hypermagique de Dürer, figurant dans son tableau Melancolia réalisé en 1514 et dont la constante 34 peut être obtenue par plus de 20 façons.

163213
510118
96712
415141

Chaque case représente un lieu et le récit met en jeu quatre personnages qui se déplacent, à partir des quatre coins, à leur gré, au sein de quatre cases dont la somme est 34.

Exemple pour le premier : 16→10→7→1 ou 16→13→1→4

Dans chaque case on trouvera un musicien, une œuvre musicale, un écrivain, poête ou philosophe, un scientifique, tous lipogrammes en JKQWYZ et dont le nom commence par A pour la case 1, B pour la case 2, C pour la 3 etc. Exception : les cases 10 et 11 correspondront aux lettres T (rang 20) et V (rang 22).

Les nombres pairs devront comprendre une contrepèterie, les nombres impairs un jeu de mots ou une holorime.

Les cases correspondant aux nombres premiers seront dotées d'une recette de cuisine sous forme de quatrain.

Lorsque l'on passe par deux nombres consécutifs la liaison se fait par un monovocalisme ou un lipogramme.

Les cases des nombres de la suite de Fibonacci mentionnent un paradoxe ou une illusion d'optique.

Dans chaque case le personnage arbitre avec les contraintes imposées les différends entre les célébrités présentes.

Robert

Hors-champ

Cahier des charges d'une nouvelle intitulée Hors-champ — à l'attention prioritaire et imminente du LaProPo (Laboratoire de Procrastination Potentielle) : quatre chapitres de quatre paragraphes ordonnés en quatrine quant à l'ordre d'entrée en scène de quatre personnages.

Caractéristique fondamentale de Hors-champ, le récit se fonde sur l'éclipse des protagonistes principaux. Autrement dit, ils n'apparaîtront... qu'absents. Liste non exhaustive de situations [inventaire provisoire, qu'il faudra décliner en ordre logique] : grimés, cachés, pas encore nés, en fuite, fantômes, à l'état d'êtres imaginaires, mythiques, défunts, etc.

Les quatre se nomment Abipone, Rōnin, Nyx et Huitzilopochtli.

Deux d'entre-eux de chair et de sang :

Les deux autres sont des prosopopées au caractère tranché, sans complexité psychologique :

Bien présents et concrets, divers personnages secondaires [liste à établir logiquement, du genre au pif patron de bistro, conductrice d'autobus, courtier d'assurances, caissière de cinéma...] parlent d'Abipone la fugitive, de Rōnin le paladin, de Nyx la nuit et de Huitzilopochtli le soleil, s'en souviennent, les imaginent, les attendent, les craignent, leur vouent un culte, les maudissent, leur adressent des messages, etc. [établir ici aussi un classement de postures à ordonner au fil des pages].

Les quatre chapitres comportent quatre paragraphes dont chacun, tel un plan fixe cinématographique [s'attarder à la liste des lieux et leur décor], est marqué d'une sorte de « souffle » dans le cadre ou dans les propos des personnages secondaires. En ordre de quatrine, les paragraphes relateront les circonstances suivantes [à quoi manque encore (j'écris ceci le 27 juin 2018) un ressort narratif assez puissant pour entraîner l'envie de lire la suite] :

1) Premier chapitre, 4 paragraphes A, R, N, H :

2) Deuxième chapitre, 4 paragraphes H, A, N, R.

3) Troisième chapitre, 4 paragraphes R, H, N, A.

4) Quatrième et dernier chapitre, retour à l'ordre initial A, R, N, H.