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Retour vers Le cothurne étroit

Commentaire de
Mètre à bord

Si ce n'est pas encore fait, lisez « Mètre à bord » avant de lire la suite de cette page.

En bref.

Un sonnet dont le bord forme un quatrain régulier.

Mais encore...

D'après la définition de François Le Lionnais, le « bord » d'un poème est constitué de son premier vers, le premier et le dernier mot de chacun des vers suivants, et le dernier vers. Le sonnet Mètre à bord est tel que son bord peut être regroupé sous la forme d'un quatrain d'alexandrins rimé. Cela apparaît plus clairement dans la version ci-dessous, où les caractères ont tous la même largeur :


À bord du grand navire embarque un vieux poète,
Un vrai chanteur jamais en mal d'un nouvel air.
De partout les marins viennent et lui font fête,
En tout temps ses chansons se répandent en mer.
Si content de l'entendre envoûter homme et bête,
On reprend ses couplets où notre esprit se perd.
La douceur dans le cœur et le bien-être en tête,
On perçoit les attraits de la langue qu'il sert.
À chaque strophe il cède une onde bonne à boire,
À chaque vers il offre un signe pour nous tous,
À chaque mot sa voix entre plus chaude en nous.
La vigie même entonne un tendre hymne à sa gloire.
On laisse ainsi l'esquif aller par le plus court
Droit au cap d'où, sournois, un noir récif accourt.

Il suffit alors de découper un rectangle au milieu pour faire apparaître le bord :


À bord du grand navire embarque un vieux poète,
Un                                         air.
De                                         fête,
En                                         mer.
Si                                         bête,
On                                         perd.
La                                         tête,
On                                         sert.
À                                         boire,
À                                         tous,
À                                         nous.
La                                         gloire.
On                                         court
Droit au cap d'où, sournois, un noir récif accourt.

Cette structure impose plusieurs contraintes à l'écriture du sonnet. Notamment, le premier et le dernier mot des vers 2 à 13 doivent tous comprendre une seule syllabe, puisque ces 2×12 = 24 mots viennent former deux alexandrins, soit 24 syllabes. Le schéma des rimes aussi est contraint, surtout si l'on veut respecter l'alternance des rimes masculines et féminines aussi bien dans le sonnet que dans le quatrain final ; j'ai choisi le schéma de « El Desdichado » (ABAB ABAB CDD CEE) qui se trouve fonctionner bien ici.


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Nicolas Graner, 2022, Licence Art Libre