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Retour vers Avatars de Nerval

El Desdichado

Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

Gérard de Nerval


Ce poème est le premier des douze sonnets qui composent Les Chimères, publiés en 1854. Tous les Avatars de Nerval en sont des réécritures.

Les différentes éditions de ce sonnet présentent quelques variations typographiques : capitale en tête de certains noms, mots en italique, ponctuation légèrement différente. Ceci se reflète dans certains avatars qui ont conservé l'une ou l'autre de ces variations.

Si vous trouvez le sens de ce poème obscur, sachez que vous n'êtes pas seul. Cependant ces quelques notes vous suggéreront peut-être des pistes d'interprétation.


Nicolas Graner, 2013, Licence Art Libre