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Retour vers Le cothurne étroit

Annan, ou le destin de pierre (2006)

En 2006, Zazie mode d'emploi a proposé de jouer avec le texte suivant :

Trois suffocantes journées de chameau nous ont conduits dans la vallée d'Annan, pays des Vents Éternels. L'air toujours en mouvement charrie des effluves de désert et de mer, et transporte une fine poussière couleur de rouille qui finit par imprégner chaque vêtement. Son sifflement lancinant ne s'arrête jamais, au point d'interdire toute conversation dans la rue. Le Manuel de la Rose des Sables raconte que si le vent devait cesser un jour de souffler, les murs de toutes les villes d'Annan s'effondreraient.

En Annan, au jour de la première pluie de printemps, l'enfant qui va avoir dix ans dans l'année tire au hasard une pierre d'argent hors d'un sac de toile.

Sur cette pierre est gravé son devenir d'adulte. Le sort désigne aussi bien son futur métier, l'identité de son compagnon ou de sa compagne, le nombre de ses enfants que la date de sa mort. Certains destins sont heureux et doux, d'autres d'une effrayante banalité, quelques-uns enfin tumultueux et sanglants. Mais aussi terribles soient-ils, tous les citoyens d'Annan s'y conforment à la lettre, sans amertume ni révolte.

Nous avons fait part à notre guide de notre étonnement. Il a souri.

— Subir le plus tragique des destins n'est rien, si l'on se sait innocent de son propre malheur.

Cités de mémoire — Hervé Le Tellier — 2002 Berg International

Toutes les contributions sont visibles sur le site Zazipo. Les miennes sont également reproduites ci-dessous.


Annan, ou le sort de la perle

Trois jours longs et durs à dos d'âne nous ont menés dans le val d'Annan, pays des Vents Sans Fin. L'air sans cesse agité porte en lui une odeur de dunes et de mer, et amène un sable fin qui teint de rouge tous les plis de notre habit. Son bruit usant n'admet nulle pause, au point qu'on ne peut rien se dire dans la rue. Le Guide de la Rose des Vents conte que si le vent cesse un jour de mugir, les murs des cités d'Annan s'en iront tous à terre.

En Annan, au jour où la pluie vient bénir la fin de l'hiver, le jeune qui va avoir dix ans dans l'année tire sans la voir une perle d'or hors d'un sac de toile. Sur cette perle est gravé ce que sa vie sera. Le sort nomme aussi bien son gagne-pain à venir, qui il aura pour mari ou pour femme, s'il aura ou non des mômes que la date de sa mort. Son fatum peut être gai et doux, ou bien banal à faire peur ou, c'est plus rare, agité et plein de rage. Mais aussi mal venu qu'il soit, tout homme d'Annan le suit point par point, sans haine ni émoi. Nous en avons fait part à notre guide d'un ton ébahi. Il a souri.

— Subir le plus cruel des sorts n'est rien, si l'on n'est pas soi-même la cause de sa peine.

Cités par cœur — Hervé Le Délié — 2002 Berg Pour Tous Pays

Aucun mot n'a plus de cinq lettres.


Annan, ou le destin de Nicolas

Quand on est arrivés dans la ville on était drôlement fatigués et on avait chaud, surtout Alceste, c'est un copain qui est très gros et qui mange tout le temps, parce que le monsieur lui avait dit que pour pas fatiguer son chameau il fallait qu'il marche à pied la moitié du temps. On est descendus des chameaux et la maîtresse nous a fait mettre en rang au milieu de la rue et le monsieur a commencé à nous expliquer des trucs mais on entendait rien parce qu'il y avait plein de vent et ça faisait trop de bruit. Moi j'ai mis mes doigts dans mes oreilles et j'entendais plus trop le vent mais j'entendais pas non plus ce que disait le monsieur. Et puis le vent il nous envoyait plein de sable dans la figure alors j'ai aussi fermé les yeux. À un moment j'ai ouvert les yeux et j'ai vu Agnan, c'est le premier de la classe et le chouchou de la maîtresse, qui enlevait ses lunettes pour essuyer le sable. Eudes il l'a vu aussi, et il en a profité pour lui donner un coup de poing sur le nez, à Agnan. Agnan il s'est mis à pleurer et il a été dire à la maîtresse que Eudes l'avait tapé. Eudes il a dit « c'est pas vrai, sale cafard, c'est Rufus », alors Rufus il l'a traité de sale menteur et il lui a donné un coup de pied. Maixent il a dit que Eudes c'était pas un menteur et il a fait un croche-pied à Rufus, qui est tombé sur Alceste, heureusement il s'est pas fait mal parce que c'était plutôt mou. On se battait tous, c'était chouette, on s'amusait bien, mais la maîtresse s'est mise à crier et même si on entendait pas très bien à cause du vent on s'est arrêtés et on s'est remis en rang.

Après le monsieur il nous a fait entrer dans une sorte de palais et là on entendait mieux parce qu'il y avait plus de vent. Il a pris un grand sac en tissu comme celui que madame Blédurt prend pour faire les commissions, c'est notre voisine mais Maman ne lui parle plus parce que son mari tond toujours sa pelouse le dimanche quand Papa veut se reposer. Le monsieur il a demandé si il y en avait qui allaient avoir dix ans cette année. Moi j'ai rien dit parce que je me méfiais un peu, mais Agnan il a levé le doigt et il a dit « moi m'sieur ! » comme si c'était le seul. Le monsieur l'a regardé en souriant et il a dit : « tu as de la chance que nous ne soyons pas au premier jour du printemps ». Agnan il a pas compris et il s'est senti drôlement gêné parce que c'est le premier de la classe et il a pas l'habitude de pas comprendre, et nous on rigolait de voir sa tête.

Après le monsieur il a expliqué que dans son pays, quand on a presque dix ans on prend une pierre dans le grand sac et c'est une pierre drôlement jolie et qui brille et dessus il y a marqué tout ce qu'on va faire quand on sera grand, comme métier, et si on va avoir des enfants, et quand est-ce qu'on va mourir et plein d'autres choses. Rufus il a demandé si il y avait aussi marqué avec qui on va se marier, et le monsieur a dit que oui, et on a tous rigolé parce que Rufus, ça nous étonnerait bien qu'il se marie un jour. Et puis Geoffroy a dit qu'il avait pas besoin d'une pierre pour savoir ce qu'il ferait comme métier parce qu'il serait directeur de banque comme son papa qui est très riche et lui achète tout ce qu'il veut, mais le monsieur a dit que dans son pays c'est la pierre qui décide ce qu'on fait, pas les papas. Clotaire il trouvait que c'était une drôlement bonne idée, parce que c'est le dernier de la classe et le Bouillon lui dit toujours qu'il finira au bagne, mais si chez nous on faisait aussi le coup de la pierre ça serait peut-être lui qui serait directeur de banque. Le Bouillon c'est notre surveillant mais c'est pas son vrai nom, un jour je vous expliquerai pourquoi on l'appelle comme ça. Et puis Agnan il a dit que c'était pas juste le coup de la pierre, parce que si le dernier de la classe il pouvait devenir directeur ça servait à rien qu'il soit toujours le premier. Eudes lui a dit « tais-toi chouchou » mais il a pas pu lui donner un coup de poing sur le nez à cause des lunettes.

Après, la maîtresse a dit qu'on allait remonter sur les chameaux parce qu'il fallait qu'on soit dans une autre ville pour déjeuner et Alceste a demandé si on pourrait pas déjeuner avant de partir mais la maîtresse a dit que non, c'était déjà réservé dans l'autre ville. Et puis elle a dit que la prochaine fois on ira au mont Saint-Michel si on peut avoir l'autocar de la mairie parce que les chameaux elle les a assez vus. Elle est drôlement chouette, la maîtresse.

Les mémoires du petit Nicolas — Hervé Le Goscinny

Pastiche des histoires du Petit Nicolas, de René Goscinny.


Pierre

Suffocante vallée d'Annan ! Pays couleur de rouille, qui finit dans la rue un jour de printemps. L'enfant qui tire au hasard sur son devenir, son identité, compagnon de sa mort effrayante, terrible. Tous les citoyens s'y révoltent. Nous avons fait subir le plus tragique malheur.

Cités — Hervé Berg

Des mots ont été extraits du texte, dans leur ordre d'apparition. Les finales ont été modifiées pour respecter les accords, et la ponctuation ajoutée.


Destin

Trois chameaux toujours en mouvement transportent chaque vêtement dans la rue. La rose de printemps qui va avoir l'argent (un sac) désigne son compagnon, ses enfants heureux et doux, sans amertume ni révolte. Nous avons souri. Le destin n'est rien si l'on se sait innocent.

Mémoire — Tellier International

Comme pour la version précédente, des mots ont été extraits du texte dans leur ordre d'apparition. Les deux versions n'ont presque aucun mot en commun, et des sens très différents.


Ah nan, ou la mauvaise destination

Au village sans prétention
On risque la suffocation
Les humains et les dromadaires
Respir'nt du sable mais pas d'air
Je ne fais pourtant de tort à personne
En n'écoutant pas le vent qui claironne
Mais les brav's gens d'ici croient que
Les cailloux en savent plus qu'eux
Oui les brav's gens d'ici croient que
Les cailloux en savent plus qu'eux
Tout le monde est tout à fait sûr
Que c'est le vent qui tient les murs

Chez nous les gamins de dix ans
On les éduqu' pas en disant
« Fais c'que j'dis ou t'auras un' claque »
On leur fourr' la main dans le sac
Je ne fais pourtant de tort à personne
En ne croyant pas aux pierr's qui raisonnent
Mais les brav's gens d'ici croient que
Les cailloux en savent plus qu'eux
Oui les brav's gens d'ici croient que
Les cailloux en savent plus qu'eux
Tout le monde est persuadé
Qu'Dieu joue aux oss'lets pas aux dés

Chaque homme doit se résigner
Au sort qui lui est assigné
Travail amours enfants trépas
Cela ne se discute pas
Je ne fais pourtant de tort à personne
En n'acceptant pas l'avenir qu'on m'donne
Mais les brav's gens d'ici croient que
Les cailloux en savent plus qu'eux
Oui les brav's gens d'ici croient que
Les cailloux en savent plus qu'eux
Tout le monde se dit certain
D'avoir mérité son destin

Parodie de la mauvaise réputation, de Georges Brassens.


Annan, la pierre qui scelle son sort

Annan apparaît après deux épuisantes journées sous un vent violent. Alternativement couverts de dépôts désertiques et fragrances marines, nous nous retrouvons sous un véritable vernis vestimentaire zinzolin. Assourdissant, ce chuintement continuel empêche les palabres, recouvrant toute voix. Dans le livre « Manuel pour Rose Sablonneuse » se trouve un verdict vertigineux : arrêtez ce chinook, et les murs partout tomberont.

À Annan, au début du pluvieux printemps, quelque rite sacré se tient traditionnellement. Âgés de dix étés, les mômes prennent respectueusement une vénérable zéolithe. Ensuite ils lisent mille prophéties qui recouvrent sa scintillante surface. Ces clauses conservées dans la pierre scellent toute une vie : activités, conjoint, enfants et même mort sont totalement verrouillés. Certains destins deviendront doux et heureux, mais parfois terriblement vides ; plus rarement sanglants, tumultueux, violents. Aucune aversion cependant, chacun, enfant, femme, homme, respecte scrupuleusement son sort.

Comment font-ils, interrogeons-nous, pour se soumettre tellement tranquillement ? Amusé, le mentor nous répond sentencieusement :

— accepter ce cruel destin est facile lorsqu'on se sent seulement une vertueuse victime.

Cités de mémoire — Hervé Le Tellier — 2003 — Berg International

Dans chaque phrase les mots sont dans l'ordre alphabétique.


Sassan, ou le sceau du sort

Six suffocantes soirées en selle, et nous sommes dans la sierra de Sassan, siège du Simoun Sempiternel. Le ciel sans cesse cyclonique suinte des senteurs de sable et de sel, et soulève une subtile cendre de sang qui s'insinue sur nos souliers et sous nos slips. Son sifflement strident n'a de cesse, suspendant tous les speechs dans les squares. Le Syllabus du Souci des Sables sussure que si le simoun cessait subitement de souffler, les soubassements des cent cités de Sassan sombreraient.

À Sassan, le soir où cesse la saison sèche, le simplet qui célèbre son seizième semestre saisit, sans le sélectionner, un sceau de soufre au sein d'un sac de soie.

Sur ce sceau sont ciselés les statuts des semestres suivants. Le sortilège sélectionne aussi bien son salaire, le sobriquet de son sweetheart, la somme de ses successeurs que la seconde où il soufflera son sinistre soupir.

Certains sorts sont sereins et sensibles, d'autres d'une stupéfiante stupidité, quelques-uns seulement scandaleux et sanglants. Mais si scabreux soient-ils, tous les citoyens de Sassan s'y soumettent scrupuleusement, sans spleen ni soulèvement.

Nous avons signalé à notre cicerone notre surprise. Il a souri.

— Subir le plus sordide des sorts n'est rien, si l'on sait que sa souffrance ne suit pas une sentence.

Cités de souvenirs — Servais Le Sellier — 765 Serge Supranational

Tautogramme. Le sifflement des substantifs et signifiants similaires symbolise celui du Simoun Sempiternel.


Annan merci

Mener trois jours durant dans les dunes de sable
Un chameau épuisé que la chaleur accable ?
Non, merci ! Suffoquer sous un soleil de plomb
Sans pouvoir se parler tant siffle l'aquilon ?
Non, merci ! Habiter une cité qui croule
Dès qu'Éole s'endort ? Non, merci ! D'une boule
Que l'on tire d'un sac, faire un oracle ? Non,
Merci ! Avant dix ans, savoir déjà le nom
De celle ou de celui à qui par le mariage
On sera lié ? Non, merci ! Connaître l'âge
Auquel on va mourir ? Non, merci ! Se laisser
Dicter sa profession par le sort ? S'abaisser
Devant un pur hasard qui se prend pour Auguste ?
Non, merci ! Accepter un avenir injuste
Au motif que la vie serait plus douce ainsi ?
Livrer à son destin l'innocent ? Non, merci !
Mais... planter la vallée de tilleuls et de roses !
D'un souffle de Zéphyr embaumer toutes choses !
Laisser chacun choisir par goût sa vocation,
Les couples se former par la seule passion,
Les parents décider et du nom et du nombre
De leurs enfants ! Partir au royaume de l'ombre
Quand on est las de vivre, et non quand vient le temps
Gravé sur un caillou lorsqu'on avait huit ans !
Bannir les préjugés, les traditions stupides,
Pour asseoir sa raison sur des bases solides !
Faire tout seul ses choix, pas toujours les meilleurs,
Jouir de ses succès, souffrir de ses erreurs,
Et, loin de se poser en victime innocente,
Ne pas suivre le vent, mais affronter la pente !

Cyratés de Bergemoire — Hermond Le Rosier

Parodie d'une tirade de Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand (acte II, scène VIII).


Nanna, ou le malheur du destin

Trois suffocants étonnements de guides nous ont conduits dans la révolte de Nanna, amertume des Citoyens Éternels. La banalité toujours en destin charrie des morts de dates et d'enfants, et transporte un fin nombre, compagne de compagnon qui finit par imprégner chaque identité. Son métier lancinant ne s'arrête jamais, au point d'interdire tout sort dans l'adulte. Le Devenir de la Pierre de Toile raconte que si le sac devait cesser un jour de souffler, l'argent de toutes les pierres de Nanna s'effondrerait.

À Nanna, à l'année du premier an d'enfant, le printemps qui va avoir dix pluies dans le jour tire au hasard une ville de murs hors d'un vent de sable.

Sur cette rose est gravé son manuel de rue. La conversation désigne aussi bien son futur sifflement, le vêtement de sa rouille ou de sa couleur, la poussière de ses mers que le désert de son effluve. Certains mouvements sont heureux et doux, d'autres d'un effrayant air, quelques-uns enfin tumultueux et sanglants. Mais aussi terribles soient-ils, tous les vents de Nanna s'y conforment à la lettre, sans pays ni vallée.

Nous avons fait part à notre chameau de notre journée. Il a souri.

— Subir la plus tragique des pierres n'est rien, si l'on se sait innocent de son propre destin.

Berg de Tellier — Hervé La Mémoire — 2002 Cité Internationale

Les substantifs apparaissent dans l'ordre inverse de l'original, sauf ceux qui font partie d'une locution.


Hannane, le fatalisme de pierre

Une suffocante journée de marche se termine. Le guide de notre caravane me montre le village de Hannane, contrée de brise éternelle. Le souffle inébranlable charrie une fragrance de sable, une essence marine. Cette atmosphère tourmentée transporte une fine poussière de rouille, chaque pièce de costume se retrouve vite imprégnée de cette teinte. Le vacarme insupportable ne cesse guère, de sorte que le moindre bavardage de rue se trouve empêché. Le Livre de Sable rapporte ce proverbe, que le peuple de Hannane interprète comme une terrible menace : cesse le tapage, croule le village.

Lorsque le maître de cérémonie observe une première pluie printanière, le gosse présumé être pubère cette année tire une pierre argentée que renferme une poche de toile.

Cette pierre recèle une prophétie : elle indique le tracé de vie de notre jeune personne devenue adulte. Elle précise pêle-mêle besogne, mariage, descendance, elle date même le terme ultime de cette existence.

De manière générale, le programme se révèle paisible, tranquille, risque même une effrayante banalité. Le contraire existe : une vie tumultueuse, sanglante, demeure possible. De quelque nature que cette implacable prophétie puisse être, elle reste respectée de toute personne de Hannane. De nulle manière le peuple ne manifeste de rancune, de révolte.

Je laisse apparaître une marque de surprise. Notre guide se hâte de sourire.

— Connaître une vie tragique ne me semble guère pénible lorsque je me considère irresponsable de cette infamie.

Cité de mémoire — Hervé Le Tellié — 4004 Berge Internationale

Tous les mots se terminent par un E.


Annan, ou un destin dans les pierres

Trois suffocantes journées sur nos chameaux nous ont conduits dans la région d'Annan, pays des Vents Éternels. L'air toujours en mouvement transmet des effluves du désert et d'océan, et conduit un fin poussier couleur rubis qui finit par imprégner tous les vêtements. Son sifflement lancinant n'en finit jamais, au point d'empêcher toutes les conversations dans les rues. L'auteur du Manuel des Roses des Sables prétend qu'au cas où les vents devraient un jour s'essouffler, dans toutes les villes d'Annan les murs s'effondreraient.

En Annan, au premier jour du printemps où il pleut, l'enfant qui va avoir dix ans dans moins d'un an sort au hasard un caillou d'argent hors d'un sac en tissu.

Sur son caillou est inscrit son avenir lointain. Sont ainsi choisis aussi bien son futur métier, qui sera son conjoint, combien il aura d'enfants qu'à quel moment il mourra. Certains destins sont heureux et doux, d'autres d'un effrayant dénuement, quelques-uns enfin tumultueux et sanglants. Mais aussi terribles soient-ils, tous les citoyens d'Annan s'y conforment point par point, sans dégoût ni rébellion.

Nous avons fait part à nos guides d'un grand étonnement. Ils ont souri.

— Subir un destin des plus affreux n'est rien, si l'on sait qu'on est innocent d'un tel malheur.

Cités par cœur — Henri Du Tellier — 2002 Berg International

Aucun mot n'a un E en dernier.


Nicolas Graner, 2006, Licence Art Libre