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Réécriture en lignes isocèles d'un texte classique qui prend un sens différent quand on n'en lit qu'une ligne sur deux.
Ce billet doux n'est que la réécriture d'une lettre bien connue, parfois attribuée à George Sand. Cette lettre, reproduite dans la section Références, est apparemment une déclaration d'amour assez banale, mais elle prend un sens beaucoup plus cru si on n'en lit qu'une ligne sur deux.
Pour conserver son double sens, la lettre doit évidemment être écrite en respectant les ruptures de lignes. Or dans le texte original certains passages à la ligne sont peu naturels, et peuvent éveiller la suspicion d'un lecteur attentif. C'est pourquoi j'ai décidé de le récrire en lignes isocèles, de façon à ce que l'emplacement de chaque fin de ligne soit parfaitement déterminé et ne révèle pas l'existence d'un sens caché.
L'attribution du texte original à George Sand est très probablement controuvée. Elle vient peut-être d'une confusion avec une autre lettre, ou plutôt un échange de lettres entre Alfred de Musset et George Sand, qui selon certaines sources serait authentique, et qui est aussi reproduit dans la section Références. On notera que ces lettres utilisent pour cacher leur deuxième sens un procédé bien moins contraignant que le premier, et qui est explicité dans la lettre de Musset.
Je suis trés émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude oú j'ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme
grosse. Accourez donc vite et venez me la
faire oublier par l'amour oú je veux me
mettre.
Quand je mets à vos pieds un éternel hommage
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d'un cœur
Que pour vous adorer forma le Créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.
Cette insigne faveur que votre cœur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.
Nicolas Graner, 2000, Licence Art Libre