Si ce n'est pas encore fait, lisez « Ah, la spam ! » avant de lire la suite de cette page.
Deux monovocalismes en rapport avec les messages publicitaires abusifs envoyés par courrier électronique.
Dans le jargon d'Internet, un « spam » est un message publicitaire envoyé par courrier électronique à un grand nombre de gens qui n'ont manifesté aucun désir de le recevoir. Comme beaucoup de listes de discussion, la liste oulipo reçoit de temps en temps de tels messages sans rapport avec son objet. Fort heureusement, le goût du jeu littéraire et de la parodie qui caractérise ses membres permet à cette liste de récupérer ces parasites indésirables en les détournant à son profit (voir aussi Désabonnez-moi).
C'est ainsi qu'une publicité pour un quelconque « Art du Vitrail » diffusée sur la liste en 1997 suscita la jolie protestation monovocalique en E intitulée Verres de clergé que l'on trouvera dans la section Références. Cette plainte se trouva renforcée par ma réponse monovocalique en A : Ah, la spam !
On notera que le mot « spam » est généralement considéré comme masculin en français, selon l'usage (mais non la règle) qui veut que le masculin serve de genre neutre pour les mots dont le sexe n'est pas clairement déterminé. Comme il s'agit ici d'un terme anglais pour lequel aucune traduction ne s'est encore imposée, et qui plus est d'un nom propre (marque déposée), je ne vois pas pourquoi je me priverais de le considérer comme féminin si cela m'arrange par ailleurs.
Le deuxième texte, intitulé !!! TRES SECRET !!!, écrit plusieurs années plus tard, est un pastiche d'un type de spam devenu très courant, l'escroquerie nigériane. L'auteur, se faisant passer pour un haut dignitaire de son pays (souvent, mais pas toujours, le Nigéria) prétend disposer d'une somme considérable, acquise malhonnêtement, qu'il cherche à faire passer à l'étranger. Le naïf qui accepte de l'aider contre la promesse d'une commission extrêmement généreuse se voit bientôt demander des « avances » pour couvrir divers frais... avances qui ne cessent d'augmenter jusqu'au jour où l'escroc disparaît avec cet argent, laissant le gogo sans recours.
Le texte reprend les traits essentiels de ces spams sous la forme d'un monovocalisme en E.
Il a lui-même fait l'objet d'une réécriture de Sébastien Bailly sous forme d'un lipogramme en E que l'on trouvera dans la section Références.
Je ne repère de règles respectées en ce texte de vente ! Je préfère les Belles Lettres, et ces relevés de recettes et de dépenses ne me tentent réellement... Je pense représenter expressément l'essence de ce cercle. Gef_
Ô contact@tf1.fr,
Un mail pour toi. Il faut voir son gain ! Mais. tabou : tais tout quand tu l'auras lu.
Moi : Florian Whataman, fils du Principal tyran gabronais. Mon frangin, Claudius, a mis à jour fric, capital, atout, barda ou biscuits, soustraits au magot royal. Du bon : ascalins, bolivars, condors, dirhams, dollars, florins, kips, prutas, rands, wons, zlotys. Plus dix diamants !
Ca vous plait ? Nous savions. Nos indications sont OK. Parfait. Nous pourrons nous ouïr. A vous : fixant un montant imparti dans un canton choisi, chacun sa part du brut. Zurich ou Lugano ? A voir.
On m'a garanti l'admiration qu'on pouvait avoir pour vous. Soit. Nos pros du pays sont d'accord.
La raison du contrat : la part du magot. Sur dix florins, trois pour vous : consolation du travail fourni. Calcul sur dix fois dix fois dix fois dix dollars... Voir plus loin ! Original : la motion pour vous solo. Aucun candidat hors-concours. Trop important. Liquidation du dû à l'instant où la position du montant aura apparu.
Pas d'impair. Signons là. Aujourd'hui.
Tout à vous,
Florian Whataman
Palais royal
Gabron
Nicolas Graner, 2003, Licence Art Libre