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Des groupes de mots associés par trois en alexandrins.
En partant des neuf entiers de 0 à 8, il y a huit façons de les additionner par trois pour obtenir un total de 12 : 3+4+5, 2+7+3, 0+8+4, 0+5+7, 6+4+2, 1+3+8, 7+4+1, 1+5+6.
On peut disposer les nombres en carré de façon à ce que ces 8 groupes correspondent au trois rangées, trois colonnes et deux diagonales du carré :
3 | 8 | 1 |
2 | 4 | 6 |
7 | 0 | 5 |
Il s'agit du classique carré magique d'ordre 3 dans lequel on a soustrait 1 à chaque nombre pour obtenir une somme égale à 12 au lieu de 15 sur chaque ligne.
On peut transposer cette structure mathématique en une structure littéraire en prenant neuf groupes de mots comptant respectivement 0, 1, 2... 8 syllabes. Il y a alors huit façons de les associer par trois pour obtenir des vers de douze syllabes. Dans Triolismes, les groupes de mots ont été choisis de telle sorte que ces vers forment un huitain d'alexandrins réguliers respectant les règles de la versification classique (prononciation des e caducs non élidés, césure, absence d'hiatus, rimes suffisantes, alternance du genre des rimes), ce qui impose des contraintes assez fortes sur les mots. Les groupes de mots sont les suivants :
Sous forme de tableau, on retrouve les éléments de chaque vers dans une rangée, une colonne ou une diagonale :
est-ce un rêve [3] | obscur un corps soumis son maître [8] | quand [1] |
peut-être [2] | on ne sait pas [4] | espère un cœur vacant [6] |
oh se pâmer encor las [7] | [0] | une étreinte brève [5] |
Les groupes impairs apparaissent chacun dans trois vers, les groupes pairs dans deux vers sauf le 4 dans quatre vers. Chaque groupe de mots, sauf le 0, apparaît une fois et une seule à la rime. La ponctuation a été ajoutée après coup pour rendre le texte un peu plus compréhensible, même s'il reste assurément obscur.
Nicolas Graner, 2019, Licence Art Libre