Un palindrome (du grec palin, « à nouveau » et dromos, « course ») est un texte dont la succession des lettres est la même quand on la parcourt de gauche à droite ou de droite à gauche. Un palindrome peut être constitué d'un seul mot, comme « ressasser », d'une courte phrase, comme « engage le jeu que je le gagne », ou d'un texte plus long.
On peut distinguer les palindromes possédant un nombre pair de lettres, dans lesquels l'axe de symétrie passe entre deux exemplaires de la même lettre (« élu par cette crapule »), des palindromes à nombre impair de lettres, dont une lettre occupe le centre (« Ésope reste ici et se repose »).
Ces deux derniers exemples montrent que les auteurs de palindromes ne tiennent habituellement pas compte des signes diacritiques (accents, trémas, cédilles), bien que rien n'interdise de définir les palindromes d'une façon plus stricte.
Le plus long palindrome jamais publié est probablement le Grand Palindrome de Georges Perec, reproduit sur cette page dont l'adresse est également un palindrome :
http://graner.name/nicolas/salocin/eman.renarg//:ptth
Il est évidemment possible d'en écrire de plus longs, et même de longueur infinie, comme le montre Et se resservir.
Un palindrome ordinaire est un « palindrome de lettres », en ce sens que c'est la suite de ses lettres qui est symétrique. On peut généraliser cette notion en définissant par exemple :
Angèle et Laurent enrôlaient les gens. (Luc Étienne)
Laconique Nicolas. (= la co ni que ni co la)
Si Didon rêvait là-haut, Théo la verrait donc d'ici.
Quand de deux maux la patrie délivre la Française,
cher passé,
c'est pas cher seize francs la livre des tripes à la mode de
Caen.
(Luc Étienne)
Papa aime Maman, Maman aime Papa. (refrain d'une chanson de Georges Guétary)
Place là, de loin, les fous ; petit à petit fous-les loin de la place.
La petite brise la glace
Pour pêcher avec son ami :
Il lui faudrait un autre lieu.
Mais le vent est beaucoup trop froid,
Il lui faudrait un autre lieu
Pour pécher avec son ami :
La petite brise la glace.
Notez que « pêcher » n'est pas « pécher », et que le premier « lieu » est un poisson alors que le second est un endroit. Quant au premier vers, dont presque tous les mots changent de sens et même de nature grammaticale quand on le retrouve au dernier, il n'est pas de moi et j'en ignore l'auteur.
Nicolas Graner, 1999, Licence Art Libre