Arguésien
Je suis fort sombre, — en deuil, — je tombe inconsolé,
As d'Aquitaine au fort abattu dans la lie,
À l'agonie — où nuit ce feu qui m'a brûlé.
En cette sombre nuit, refaisons chère lie :
Tu dans sa tombe, feu Biron m'a consolé
Du gueules d'agonie où la vigne se lie.
En ma tête agonie, as-tu mis ce pervers
Rêve qui passe à l'as quand la nuit reine tombe ?
Lors, vaincs le feu puis sombre aux gueules des Enfers :
Tu gueules fort ou geins des soupirs de colombe.
Les dix mots : agonie, as, feu, fort, gueules, lie, nuit, sombre, tombe, tu, sont employés dans les dix vers de telle sorte que :
Cette contrainte s'appelle « arguésienne » (ou désarguesienne) par analogie avec la figure de géométrie qui illustre le théorème de Desargues, dans laquelle des points sont répartis sur des droites selon les mêmes règles que les mots dans les vers.
© Gilles Esposito-Farèse – 2020