Busards
Isolé,
désolé,
mon luth constellé
est inconsolé.
L’Italie
abolie,
ma mélancolie
au pampre s’allie.
Sur le front
de Biron,
mes baisers feront
rêver d'Achéron.
Étouffée
par Orphée,
la sainte est coiffée
des cris de la fée.
C'est affreux
Pas très preux
Je suis seul et vieux
Je suis ténébreux .
Sans château
Sans joyaux
La nuit est mon lot
Le noir coule à flot .
Mon étoile
Met les voiles
Je n'ai plus la moelle
Plus de sons de toiles.
Sur mon luth
Plus de but
Soleil noir tout brut
Après l'uppercut.
Nuit tombeau
Nuit maso
Qu'arrivent les mots
Viens pour la conso.
C'est très loin
T'en souviens
C'est très bleu très bien
Bonheur italien .
Un plaisir
De vizir
A cœur sans désir
Fleur qui va rosir .
Une treille
Là où veillent
Dizaines d'abeilles
La rose vermeille.
Suis-je moi ?
Suis-je toi ?
Quel nom ? Quelle loi ?
Qui sera le roi ?
Rouge front
Sans affront
Ce baiser profond
De la reine au fond.
Ah la scène
De sirène !
Sans ombre de haine
Elle va m'entraîne !
Mais vainqueur
Brave cœur
L'Achéron sans peur
Traversé sans pleurs.
Sur la lyre
Faut la lire
Attentif sans ire
La musique écrire.
Pour la fin
Sainte ou saint
Des soupirs enfin
Et la fée qui geint.
Des busards
Du bizarr'
Comme c'est bizarr'
Du Nerval Gérard.
Un « busard » se compose de quatre vers de 3, 3, 5 et 5 syllabes sur une seule rime. Dans la première version, chaque strophe de El Desdichado est résumée en un busard ; dans la deuxième, c'est chaque vers de l'original qui donne naissance à un busard.
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