Elle est à toi cette chanson
Ô toi le Veuf qui sans façon
D'un air ténébreux m'a souri
Lorsque ma tour fut abolie
Toi qui m'appelas Prince quand
Les croquantes et les croquants
Foulaient ma seule étoile aux pieds
Et brisaient mon luth constellé.
Ce n'était rien qu'un soleil noir
Éclairant ma mélancolie
Mais dans le tombeau de la nuit
Il me semble encore le voir.
Ô toi le Veuf quand tu mourras
Quand sous les fleurs tu t'en iras
Que le mont, la mer et la treille
T'offrent leurs merveilles.
Elle est à toi cette chanson,
Toi la Reine qui sans façon
M'a chastement baisé le front
Quand j'oubliais jusqu'à mon nom.
Toi qui m'ouvris ta grotte quand
Les croquantes et les croquants
Riaient de me voir, l'âme en peine,
Regarder nager la sirène.
Ce n'était qu'un rêve d'enfant,
Mais il avait charmé mon cœur,
Et sur sa lyre Orphée vainqueur
Module encor pour moi ses chants.
Toi la Reine quand tu mourras
Quand l'Achéron tu franchiras
Puisses-tu, sainte, soupirer
Aux cris de la fée.
Georgeard de Brasseval
Parodie de la Chanson pour l'Auvergnat de Georges Brassens (1921-1981).
Nicolas Graner, 2000, Licence Art Libre