Brouillon
Je suis le ténébreux, — le veuf peu décidé,
Le prince (oh, quel mot fort !) à la tour abolie :
Ci-gît mon soleil, mort — bon, disons décédé,
Et mon luth prend le ton, l'accent de l'aboulie.
Dans la nuit, dans le noir, bref dans l'obscurité,
Rends-moi — du moins, cueillons (vérifier la graphie)
La fleur — soyons précis : mon lys déshérité
Car tu sais mon cœur seul, seul ? voire en atrophie !
Suis-je Apollon/Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front touché, marqué, maculé par les reines ;
J'ai rêvé dans la grotte, euh, l'antre des sirènes...
Une fois (ou deux ?) j'ai traversé l'Achéron :
En pinçant — non, plutôt, modulant comme Orphée
Les soupirs de la sainte. Erreur : c'était la fée.
Gérard Labrunie de Nerval
Où le Poète nous offre un aperçu du laborieux processus de sa création en cours.
© Raphaëlle Muller – 2018