Chéniérien
Veuvage ténébreux des hommes de Lesbos,
Ô Prince inconsolé qui toujours cèle Ulos,
Aldébaran est morte et le jeune berger
Porte aux doux alcyons mon âme désolée.
Dans un tombeau de chair, toi qui ravis Messine,
Sois au bord du Pæstum, rends-moi la Tarentine,
Les lys qui, deux fois l'an, à mon cœur sont liés,
De pampre, de raisins, mollement enchaînés.
Suis-je Lyre ou Dauphin ? la Lyre ou bien Pégase ?
Le baiser du Serpent autour de moi m'embrase ;
Dans l'antre j'ai rêvé de naïades en ronde.
Et j'ai d'un pied léger par deux fois fendu l'onde :
En chantant tour à tour Thyonée et Bacchus,
Les soupirs de Lénée et les cris d'Iacchus.
Gédré de Nernier (dit Anard Chéval)
Pastiche d'André Chénier (1762-1794).
© Alain Zalmanski – 2000