Hétérointervalismes
Je forme le peu gai, — le gris, — le vieux tari,
Le sire du sud-est au fort brisé, quel drame :
Ma nova ne vit plus, — et ce luth ahuri
Drape le matin noir d'un amer Vague à l'âme.
Dans la nuit de la tombe, ô toi qui m'as chéri,
Vends-moi l'île et la mer où vogue notre prame,
Le beau lys que prisa ma chair de gars mûri,
Et le cep où le vin à la rose se trame.
Fus-je Éros ou le Ciel ?... Paul Dirac ou Biron ?
Ce front sent le feu doux d'une bise qu'on fixe ;
J'ai songé dans la rade où nage l'autre nixe...
Et j'ai deux fois hardi maté le fier Caron :
En bêlant pas à pas sur la harpe de Bose
Maint ouf du sage pieux et maint cri de la gnose.
Gary de Nirbal
Tous les mots de ce sonnet sont hétérointervaliques. Ceci signifie qu'à l'intérieur d'un mot, les écarts dans l'alphabet de tous les couples de lettres sont tous différents. Par exemple, dans le deuxième mot « forme », les écarts alphabétiques sont F-O = 9, F-R = 12, F-M = 7, F-E = 1, O-R = 3, O-M = 2, O-E = 10, R-M = 5, R-E = 13 et M-E = 8, qui sont bien tous différents.
© Gilles Esposito-Farèse – 2019