Ouliporimes
Je suis le veuf en son castel,
Nul ne console ma druidesse.
Je pleure seul en mon taudis
Et suis plus Prince que pacha ;
Et Ténébreux, c'est mon pseudo.
Je ne chante que du gospel
Pour ma défunte Mercedes
Aux pistons morts : au paradis,
Le soleil noir la débrancha.
Mélancolie est mon credo.
Mon beau tombeau est un tunnel :
Je suis hébergé par Hadès.
Le Pausilippe est-il maudit ?
La mer d'Italie un crachat ?
Mon cœur est mort sans libido.
J'ai perdu ma fleur au bordel,
Elle était rose, et stewardess :
Je ne peux plus boire à crédit.
Retrouverai-je ma datcha ?
Et retournerai-je au Lido ?
J'ai rougi d'un baiser véniel :
La reine embrasse avec rudesse !
Dans la grotte, on nage, pardi !
J'y ai chanté le cha-cha-cha,
Et la sirène le fado.
J'ai vaincu l'Achéron mortel !
J'ai modulé la morbidesse !
Orphée est mort, c'était prédit.
La fée pousse des cris de chat,
La sainte, des soupirs d'ado.
Les vers riment successivement en « el », « dess », « di », « cha » et « do », en hommage à « El Desdichado ».
© Bernard Maréchal – 2016