Sélénets acrostiches
Je recherche, imite,
Suis l'art qui mêlait
Le défraîchi mythe
Ténébreux mais laid,
Le luth et l'insigne
Veuf intolérant :
L'hirsute consigne
Inconsolé rend.
*
Le seul exutoire,
Prince charmant, chou,
D'un tel territoire —
Aquitaine, Anjou,
À quel mâne y vêle
La vache en lovant
Tour de manivelle
Abolie au vent ?
*
Ma littérature,
Seule intox, tant d'art
Étoile et rature :
Est-elle standard ?
Morte chut la brise
Et m'estourbit, vois :
Mon au-delà brise
Luth comme biwas.
*
Constellé poème,
Porte d'illusions,
Le fêlé Poe aime
Soleil et visions.
Noir trou circulaire
De tout spoliait :
La crépusculaire
Mélancolie est.
Ces poèmes sont des sélénets, c'est-à-dire que leur rythme (vers pentasyllabes à finales alternativement féminines et masculines) et leur schéma de rimes permet de les chanter sur l'air de Au Clair de la Lune. Le premier mot de chaque vers forme en acrostiche le premier quatrain de El Desdichado.
Jeunesse on décampe
suis-moi prends ma main
lentement sans lampe
ténébreux chemin
Leurre au chant d'Orphée
veuf du five o'clock
l'assourdit la fée
inconsolé d'Oc
*
Lester l'incunable
princeps sous vélin
d'ors pare l'affable
Aquitaine loin
À sa décadence
largué son fichu
tournoie et sa danse
abolie a chu
*
Manet chez Lathuille
seulement devin
étoilera d'huile
estampes et vin
Morterille on cause
ethnique philtre et
montant virtuose
luthier en attrait
*
Constellé ton fifre
portera Manet
levant note et chiffre
soleil au bonnet
Noirceur mais point d'ombre
devisons piou-piou
laver cette sombre
mélancolie où ?
Comme les précédents, ces sélénets font apparaître les mots du premier quatrain de El Desdichado en début de vers, mais cette fois sous des formes plus ou moins modifiées. On trouvera plus d'explications sur le blogue de l'auteur.
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