Treizain
Je garde l'esprit noir comme une étoile morte ivre,
Héritier proscrit de mon sol aquitain où vivre
Était si doux hier, quand l'adamantin luth d'Orphée
Unissait écrit et muse accorte au sein du livre.
Un spectre amerrit et conforte mon cœur de givre
Épris de cuiller en étain, de sombre nymphée
Où rêve mon fier destin empli de cris de fée.
Entonnés en la, sorte étrange de baiser rose
Ornant l'au-delà, les soupirs d'une sainte en prose
A cappella, puis les modulations qu'une reine
Ou sirène enfla me guériront de ma névrose.
En fleur, tout cela par deux fois vaincra ce morose
Heur sortant du puits : l'amour de Phébus est pérenne.
Je garde l'esprit noir comme une étoile morte,
Ivre héritier proscrit de mon sol aquitain
Où vivre était si doux, hier, quand l'adamantin
Luth d'Orphée unissait écrit et muse accorte.
Au sein du livre, un spectre amerrit et conforte
Mon cœur de givre épris de cuiller en étain,
De sombre nymphée où rêve mon fier destin
Empli de cris de fée entonnés en la sorte :
Étrange de baiser, Rose ornant l'au-delà,
Les soupirs d'une sainte, en prose, a cappella !
Puis les modulations qu'une reine ou sirène
Enfla me guériront de ma névrose en fleur :
Tout cela par deux fois vaincra ce morose heur.
Sortant du puits, l'amour de Phébus est pérenne !
Treizain de schéma de rimes le plus classique (aabaabb ccdccd toutes féminines), en vers de 13 syllabes césurés 5/8 incluant d'autres rimes à la césure, redécoupé en un sonnet d'alexandrins avec alternance. Cela illustre donc l'égalité 13×13 = 14×12.
© Gilles Esposito-Farèse – 2009