Tout le monde (ou presque) sait que les particules élémentaires se répartissent en deux grandes familles : les bosons, décrits par Satyendranath Bose (1894-1974), et les fermions, par Enrico Fermi (1901-1954). On sait moins que beaucoup d'autres chercheurs ont donné leur nom à des particules ou familles de particules qu'ils ont découvertes, inventées ou seulement imaginées.
Ainsi Hans Bethe (1906-2005) a construit toute sa théorie sur le béthon et Seymour Cray (1925-1996) n'aurait pas pu concevoir ses super-ordinateurs sans crayons. Alors que Pierre-Gilles de Gennes (1932-2007) a passé sa vie à chercher le gennon manquant, Otto Hahn (1879-1968) a capturé d'innombrables hahntons et Max Planck (1858-1947) a montré que la mer était pleine de plancktons. Galileo Galilei (1564-1642) ne rêvait que d'accumuler des galons et Leon Neil Cooper (1930) collectionne toujours les coopons.
René Descartes (1596-1650) pensait que les hommes n'étaient pas faits d'atomes mais n'étaient que descons, tandis qu'Henri Poincaré (1854-1912) soutenait qu'ils étaient poincons, même si, contrairement à Glenn Theodore Seaborg (1912-1999), il ne les croyait pas seabons.
Pour Joseph Henry (1797-1878), tout tournait henrons alors que Stephen Hawking (1942) ne parle qu'hawkons. Jacobus Henricus Van 't Hoff (1852-1911) était tout thoffons tandis que Pierre-Simon de Laplace (1749-1827) est toujours resté à laplon. Louis Joseph Gay-Lussac (1776-1850) fut le maître des gay-lurons et même Marie Curie (1867-1934) aurait eu, paraît-il, un petit curon.
Robert Sidney Cahn (1899-1981) se serait bien vu marchand de cahnons mais Robert Andrews Millikan (1858-1963) le devança en amassant des millions. Le malheureux Henri Navier (1785-1836), trop en avance sur son temps, ne put jamais prendre un navion, pas plus que David Morris Lee (1931) n'a réussi à dompter les leeons. Jean-Pierre Petit (1937) n'a aucune difficulté pour caser ses petons mais Jean-Louis-Marie Poiseuille (1797-1869) ne s'est pas aussi bien sorti de l'affaire des poisons. Félix Savart (1791-1841) était professeur à Marseille lorsqu'il découvrit le savon, que Michel Schiff (1933-2004) balaya ultérieurement avec son schiffon.
Je ne saurais terminer sans un hommage à Gilles Esposito (1964), l'immortel découvreur de l'espositon dont il existe de nombreuses sous-familles : espositons temporaires, espositons universels, etc.
Nicolas Graner, juillet 2011, Licence Art Libre