Belle absente
Ténèbres : je pâlis, ô veuf ! Qui m'a déchu ?
J'ai vif chagrin, marquis du Poitou aboli.
Mon feu décède opaque, ô luth subjugué, vie
Qui vêt l'obscur Phébus de mon Joug morfondu.
Ô cénotaphe, abîme, ô fog ! Quand je voulus
Ithaque, — plages, mer, Bonifacio, — je vis
La fleur que j'aimais trop, ce béguin avachi
Qui joint pavots flambards, champignons jonchant fûts.
J'aborde Amour, Hélios !... Presque Hugo Victor, fier !
Mon front loucha d'un gai bisou, quand la vamp jouit,
Quand je songeai de cave où flottait l'amphibie.
J'ai triomphé cinq fois du bouledogue Enfer.
Je module un théorbe épique en cent vingt fugues :
Soupirs béats de juive, ou fée qui semonce « ugh ».
Évrard le Danger
Chaque vers contient toutes les lettres de l'alphabet sauf k, w, x, y, z et une sixième lettre. Il s'agit du g dans le premier vers, du e dans le deuxième, et ainsi de suite, de telle sorte que les quatorze vers du poème décrivent « en négatif » le nom de Gérard de Nerval (« belle absente »).
© Gilles Esposito-Farèse – 2000