Bestiaire 2
Je suis la ténébreuse, une veuve isolée,
Princesse d'un domaine où la table est mon lit,
Ma seule toile est forte, et ses fils constellés
Me portent, soleil noir de la mélancolie.
Dans un coin du plafond, je me suis camouflée.
Rendez-moi les buissons et l'herbe des prairies,
L'abeille qui plaît tant à mon cœur désolé,
Et le lourd papillon dont les ailes se plient.
Suis-je Odilon Redon ? Béalu ou Ewers ?
Mon front est rouge encor du sang que j'ingurgite.
J'ai rêvé dans la grotte entre deux stalactites...
Et j'aime, quand j'envoie ma victime aux enfers,
Danser en modulant sur ma harpe saphique*
Les soupirs de la mouche et les cris du moustique !
* Ou sadique (mot mal écrit).
© Alain Chevrier – 2002