Consommateur
Je suis le dispendieux — sang neuf, — mais embaumé,
Que la plaine m'évince et s'ébroue sans folie :
Seul je m'étiole et porte, — à mon but consommé,
Ce coup plombe et l'if erre où se met l'ancolie.
Quand la nuit tombe opaque, amer tu m'as nommé
Sans tabou l'inédit ; à cet acte il oublie
La plaie qui fleurait tant, — soiffard fade et paumé
S'allume hier où sa lampe a la pose embellie.
Au carrefour en bus ?... Mais aux champs par fourgons ?
Je tâte, ah oui ! nez fin quand j'abuse à la chaîne ;
Idée en bulle y flotte au vrai chant des sirènes...
J'ai tant de fois sans peur déversé par wagons :
Mode ou vent tour à tour sur délire de frais,
Mon stress perd en sa crainte et son prix de l'attrait.
J'énerve et gère mal
Les dix mots sélectionnés pour l'opération « Dis-moi dix mots » en 2003-2004 étaient : amertume, bouline, brousse, déambuler, espérance, farfadet, lumière, ombellifère, tactile, tataouiner. Dans ce sonnet on les retrouve, mais dissimulés sous une homophonie assez rigoureuse pour chacun d'eux.
Je suis le dispendieux — sang neuf, — mais embaumé,
Que la plaine m'évince et c'est brousse en folie :
Seul je m'étiole et porte, — à mon but consommé,
Ce couple ombellifère où se mêle ancolie.
Quand la nuit tombe opaque, amertume a nommé
Sans ta bouline et dit, assez tactile oublie
La plaie qui fleurait tant, sois farfadet paumé
Sa lumière ou sa lampe à la pause embellie.
Au carrefour en bus ?... Mais aux champs par fourgons ?
Je tataouine et feins quand j'abuse à la chaîne,
Y déambule, y flotte au vrai chant des sirènes...
J'ai tant de fois sans peur déversé par wagons :
Mode ou vent tour à tour sur délire de frais
Monstre, espérance à crainte et son prix de l'attrait.
© Patrice Besnard – 2004