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Avatars de Nerval

Gaullien

Olivier Gillet

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Voir aussi :
Soixante-huitard

L'Appel desdix-huit-juin chado

Le prince qui, depuis de nombreuses années, est à la tête de l'Aquitaine, est devenu ténébreux, veuf, inconsolé.

Ce veuf, alléguant l'abolition de sa tour, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser les combats.

Certes, nous avons vu, nous voyons, notre seule étoile submergée par la force bilaire, sombre, stellaire, de l'ennemi.

Infiniment plus que son ombre, ce sont les soleils, les soleils noirs de la Mélancolie qui nous font reculer.

Ce sont les soleils noirs de la Mélancolie qui ont constellé nos luths au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour notre Prince.

Les mêmes moyens qui nous ont mis dans la nuit du tombeau peuvent nous réveiller, et faire venir un jour la victoire. Car le veuf n'est pas seul ! Il n'est pas seul ! Il n'est pas seul ! Il a eu le Pausilippe et la mer d'Italie derrière lui.

Il peut faire bloc avec la fleur qui plaît tant à son cœur désolé et continue la lutte.

Il peut, comme le pampre et la rose, utiliser sans limites l'immense industrie de la treille.

Cette guerre n'est pas limitée au champ malheureux de l'Aquitaine.

Cette guerre n'est tranchée ni par Phœbus, ni par Lusignan, ni par Biron.

Cette guerre est Amour.

Toutes les reines, tous les baisers, tous les fronts rouges n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, toutes les grottes pour rêver un jour avec les sirènes.

Sombrant aujourd'hui dans l'Achéron, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une traversée supérieure.

Le destin du monde est là.

Moi, Générard de Nervaulle, actuellement à Londres, j'invite les chantres de la Thrace qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs lyres ou sans leurs lyres, j'invite les ingénieurs ou les ouvriers spécialistes des industries de lutherie qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance d'Aquitaine ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.

Demain, comme aujourd'hui, je modulerai les soupirs de la sainte et les cris de la fée à la Radio de Londres.

Générard de Nervaulle


Parodie de l'appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle à la radio de Londres.


© Olivier Gillet – 2001