Iambe
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le déchu prince d'Aquitaine.
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Craint l'œil noir du Croquemitaine.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le roc et la fontaine,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille à l'âme incertaine.
Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front s'est empourpré, ma reine !
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron,
Afin d'épouser la sirène...
J'ai oublié la tour, la rose et le baiser,
Mais dieu, sur la lyre d'Orphée,
J'ai transcrit tour à tour soupirs et cris brisés
Qu'ont vomis la sainte et la fée.
Alternance d'un alexandrin à rime masculine et d'un octosyllabe à rime féminine (iambe avec inversion des sexes).
© Pascal Kaeser – 2001