Je suis morne, morose et sombre, — solitaire,
Noble basque apatride aux tours fantomatiques :
Mon unique aide expire, — et mes orgues stellaires
Portent l'aveugle voile aux cours mélancoliques.
Par ces nocturnes morts, camarade sincère,
Rendez-moi l'insulaire oasis italique,
Les rose et mauve dont je reste légataire,
Et mes après-midi de fleuriste bachique.
Suis-je Louison, Camille ?... Ou Dominique, Claude ?
De vierge royaliste, enfant rouge mais chaste ;
J'ai rêvé que nageaient d'aquatiques gymnastes...
Près de gîtes plutôt sataniques, je rôde,
Modulant à l'instar des harpistes orphiques
Des hymnes de fidèle ou d'athée féerique.
George Lesbrunâtres
Tous les mots peuvent être aussi bien masculins que féminins. L'« oasis » du sixième vers n'est ni un clinamen ni une provocation : de nos jours, ce substantif est en principe uniquement féminin, mais quelques bons auteurs emploient sa forme masculine archaïque.
© Gilles Esposito-Farèse – 2000