Olifant
Je suis le son du cor le soir au fond des bois,
Le prince à Roncevaux, la biche est aux abois,
Sa bonne étoile est morte et l'écho faible accueille
L'appel noir que le vent porte de feuille en feuille.
Dans la nuit du tombeau à minuit demeuré,
Rends-moi ces chevaliers, je n'ai que trop pleuré,
La fleur qui s'épanouit à ces bruits prophétiques,
Rose pourpre du sang des paladins antiques.
Suis-je cirque glacé, mont fleuri ou gazon ?
Mon front rouge s'épand dans les eaux des torrents,
J'ai rêvé d'Olivier, de Roland expirant,
Il a deux fois vainqueur repoussé les félons,
Modulant tour à tour dans sa corne dorée
Son éternelle plainte au chant désaccordé.
Fred Al'Radgé de Nervignaly
Confidence du cor, héros d'un épisode de la Chanson de Roland (anonyme, XIIe siècle).
© Martin de Saint Sauveur – 2004