Rot-13
Je suis l'Ahasver* hâve, à nul ne puis m'unir,
L'émir fauché qui vend son minaret d'Iraq.
Ma longue artère est vaine, et mon luth en invar
Porte l'astre enivré d'un minable ravier.
À mon double enterré, toi qui sais ragréer,
Laisse entendre réer, tandis qu'à jamais j'erre,
L'érémitique cerf qui paissait dans mes prés
Ou mon stylo râper sur le papier encré.
Suis-je Crerp ou Perec, Oleba ou Byron ?
Me souvenant du cher, frais baiser de l'eau pure,
J'ai rêvassé dans l'antre où Molpé va nager.
J'ai renversé l'Avren, ce qu'un cuistre y niera,
M'astreignant à tenir, de l'aigu jusqu'au grave,
Les jurons de l'ânier au bourricot navré.
Treneq Havry-Noé, dit Areiny
* Ahasver : Taine hébreu.
Les derniers mots des hémistiches de chaque vers se correspondent par la transformation « rot-13 » : A correspond à N, B à O, C à P... M à Z. Ainsi hâve = unir, vend = Iraq, vaine = invar, etc. Tous les couples de mots français qui se correspondent de cette façon ont été utilisés.
L'Avren est un peu trafiqué, on comprendra pourquoi, mais peut-être que ça existe, comme il a bien dû y avoir un Oleba.
© Rémi Schulz – 2003