Sextine anagrammatique
Voir aussi :
Couples anagrammatiques
Couples anagrammatiques 2
Morale élémentaire anagrammatique
Palindrome d'anagrammes
Le désespoir m'encra
Et devait me tancer —
Moi qui fus un César,
Sur Bordeaux je régnais —
Mes donjons reniés,
Je vis mourir mon Astre.
L'obscurité resta
Sur ma lyre de nacre
Et sa triste résine
Visqueuse allait créant
L'air qui me résigna
À ces souffrances âcres.
Dans la nuit du sérac,
Des cinéraires âtres,
Offre-moi des regains
De bonheur en mon crâne,
La mer et le nectar
Où la rose s'insère.
Je me sentais serein
Dans les pampres racés
Quand le cafard centra
Sur mon cœur ses ratés :
Que me sauve un écran
Planté de mille graines !
Pourtant qui signera
Pour embrasser les reines ?
Quel regard se cerna
De rouge après leur sacre ?
Lusignan, de quel tarse
Écris-tu ce carnet ?
Comme sur un encart
Aux bordures garnies,
L'exaltation tersa
Mon rêve de sirène
Cherchant à se caser,
M'enchaîner à son ancre.
Tu créas un chant rance
De tarés, qu'on serine,
Qu'on singera cranté.
Dans une sextine, les mêmes six mots reviennent à la rime dans les six strophes de six vers, dans un ordre bien déterminé, et se retrouvent aussi dans la dernière strophe de trois vers (la tornada). Ici, les mots-rimes se retrouvent sous forme d'anagrammes différentes à chaque fois, ce qui évite l'aspect répétitif des sextines habituelles tout en conservant une certaine unité.
© Gilles Esposito-Farèse – 2016