(*)
Tenebreulx suis, poinct comforté, seulet,
Prince acquitain sanz tournelle n'eschoitte ;
N'ardent les cyeulx, quant de luz estrelet,
Il est pieça noirsi d'Estrette coitte.
Lez nuict dez mors, quy onc desdaing ne troitte,
Me doint païs & mer naspolitaine,
L'ysnelle rose a mon cuer plus qu'humaine,
Et d'ung traictis pourpris me vueille souldre.
Mais Orpheüs au teorbe rengaine :
Amours, Jhesus ? Quy suis ne sçay resouldre.
Royne, ung baisier au fronct gueules remaine ;
Dedans la cave ay resvé la seraine,
Deulx fois brasvé ja l'infernale fouldre.
Oëz clamer saincte ou masgette en paine :
Amours, Jhesus ? Quy suis ne sçay resouldre.
Gerçoys de Nervillon
griescheulx = malheureux
tournelle = tour
n'eschoitte = ni héritage
ardent = brûlent
quant de luz = quant au luth
estrelet = étoilé
pieça = depuis longtemps
estrette = détresse
coitte = muette
lez = près de
onc = jamais
troitte = traite
doint = donne
ysnelle = légère
traictis = bien fait
pourpris = jardin
souldre = rendre
rengaine = reprend
resouldre = déterminer
gueules = rouge
remaine = reste
cave = grotte
seraine = sirène
ja = déjà
oëz = entendez
masgette = magicienne
paine = peine
* Les deux premières strophes n'ont pas été retrouvées.
Pastiche de François Villon (1431-ap. 1463).
© Gilles Esposito-Farèse – 2000