Aconsonantisme initial
Il est enténébré, ermite inconsolé,
Infant en Aquitaine aux abris abolis :
Un astre unique expire, un archet étoilé
Exhibe une aube obscure aux ennuis accomplis.
Aux enfeus ombragés, apaisant immolé,
Offre un ultramontain océan, embellis
Avec une ancolie un endocarde enflé,
Allie une églantine aux aramons emplis.
Amour ou Apollon ?... Aignan ou Obéron ?
Occiput empourpré en un embrassement,
Il a imaginé un amphibien amant...
Et il a enjambé, altier, un Achéron :
En itérant avec un orphique instrument
Élue exhalant et envoûteuse acclamant.
Édouard Énerval
Tous les mots commencent par une voyelle.
Je suis le ténébreux, — le veuf déboussolé,
Le prince de Bordeaux dans ma tour démolie :
Ma seule nova meurt, car mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui sais consoler,
Rends-moi Posilippo, la Sicile jolie,
La fleur qui fascinait tant mon cœur désolé,
La rose, le raisin que la treille relie.
Suis-je Hélios, Cupidon ?... Lusignan ? Non, Biron ?
Mon front rougit toujours du baiser de la reine ;
Je rêve dans le flot qui baigne la sirène...
Puis deux fois victorieux, je sus payer Charon :
Modulant sans détour comme le coryphée
Les soupirs du très saint par les cris de la fée.
Gérard de Nerval
Aucun mot ne commence par une voyelle.
© les auteurs – 2005