Si tu es Ténébreux, Veuf et Inconsolé,
Si ta principauté voit sa tour abolie :
Si ton étoile est morte, et ton luth constellé
Si ce sort te destine à la Mélancolie,
Si au fond de la nuit tu n'es jamais aidé,
Si l'on ne te rend point, ni mer, ni lac, ni mont,
Si la fleur tant aimée, à ton cœur n'a donné
Si tu perds à jamais treille et rose en bouton,
Si tu ne sais plus bien lequel est ton vrai nom
Si ton front reste épris du baiser de la Reine ;
Si tu rêves en Grotte où nage la Sirène...
Si tu ne veux plus vaincre et franchir l'Achéron :
Si désormais tu ne joues plus à l'Orphéon
Alors cris et soupirs jamais plus sots seront.
Gérard de Nerf
Parodie du poème Si de Rudyard Kipling (1865-1936).
© Alain Zalmanski – 2000