Zeugmes
Je parais en deuil noir et vivre inconsolé,
Tenant du prince sombre ainsi qu'une embolie :
J'ai perdu pied, espoir et de ma tour, la clé ;
Me voici pris au piège et de Mélancolie.
Amers, les souvenirs et l'anis étoilé !
Rends-moi joyeux encore et la mer d'Italie,
Fais-moi donc signe et ton Osso Bucco poêlé,
Mets fin à ma souffrance et la nappe salie.
Vêtu de probité comme d'habits marron,
J'ai pu saisir ma chance et par les mains, les reines ;
J'ai goûté le Chianti, les charmes des sirènes,
Traversant le miroir, les âges, l'Achéron :
Jouant mille tours et, sur la lyre d'Orphée,
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Gérard de Nerval, portant une signature mais le masque
Chaque vers comporte un zeugme, figure de style qui consiste à faire dépendre d'un même mot (généralement un verbe) deux termes qui entretiennent avec lui des rapports différents.
© Raphaëlle Muller – 2018