Baudelairien 2
Je suis le ténébreux, contre la ville entière,
Le prince d'Aquitaine verse un froid ténébreux
Ma seule étoile est morte, du voisin cimetière
Porte le soleil noir sur les faubourgs brumeux.
Dans la nuit du tombeau, cherchant une litière
Rends-moi le Pausilippe son corps maigre et galeux ;
La fleur qui plaisait tant erre dans la gouttière
Et la treille où le pampre d'un fantôme frileux.
Suis-je Amour ou Phébus ? et la bûche enfumée
Mon front est rouge encor, la pendule enrhumée
J'ai rêvé dans la grotte plein de sales parfums,
Et j'ai deux fois vainqueur d'une vieille hydropique,
Modulant tour à tour et la dame de pique
Les soupirs de la sainte de leurs amours défunts.
Charles-Gérard de Baunervalaire
La première moitié de chaque vers provient de El Desdichado ; la deuxième provient du premier Spleen de Charles Baudelaire, in Les Fleurs du Mal.
© Guy Savio – 2004