Possédé
Le soleil ténébreux d'un crêpe inconsolé,
Ô Lune d'Aquitaine, emmitoufle, abolie,
— Dors, étoile, à ton gré, sombre luth constellé,
Et plonge le soleil, gouffre — Mélancolie !
Je t'aime ainsi, tombeau. Pourtant, m'as consolé.
Comme le Pausilippe sort de l'Italie,
Te pavaner plaisait, folie, cœur désolé.
C'est bien, treille où poignard à la rose s'allie !
Allume, Amour, la flamme des lustres, Biron !
Allume, rouge encor, les regards de la reine,
Tout de toi dans la grotte, morbide sirène.
Sois ce que j'ai deux fois : nuit noire, l'Achéron.
Il n'est pas une lyre en tout mon corps d'Orphée
Qui ne crie : Ô soupirs, Belzébuth de la fée !
Charlard de Baudeval
Hybridation vers par vers entre le sonnet Le Possédé de Charles Baudelaire (1821-1867) et El Desdichado. Chaque vers contient alternativement quelques mots du Possédé, quelques mots du Desdichado, quelques mots du Possédé et la rime du Desdichado.
© Bernard Maréchal – 2016