Circulaire
Isolé avili Aède désolé Ma terre d'Aquitaine a été abolie Mon étoile s'éteint et mon luth constellé Transporte un soleil noir sur mon âme affaiblie Dans notre ombre au sépulcre Aide aux soins tant réglés Rends-nous donc cette eau bleue d'où vient l'art d'Italie Maints plants blonds d'aimées fleurs pour mon coeur ébranlé Puis leur treille au grand pampre où deux rosiers s'allient Suis-je Amour l'ample Hélios Schwarzschild voire un Biron Mon front est toujours pourpre au contact de ces reines J'ai rêvassé dans l'antre où baignent vingt sirènes Et j'ai su traverser douze fois l'Achéron Vocalisant vêtu comme le coryphée Évoé amuï ô déité ô fée
Jérôme Apollinerval
Alexandrins de tailles variables représentant un soleil noir (« calligramme »). La ponctuation a été volontairement évitée.
Aliéné nié Séide désolé Ma région aquitaIne a fini abolie Mon étoile n'emplit Ni mon luth constellé Ni l'abstrait soleil noIr de ma tempe affaiblie Aux tombeaux par leurs nuitS sainte âme aux soins zélés Rends-nous donc tous les monTs d'où choient eaux d'Italie Maints plants d'exquises fleuRs pour mon coeur tant troublé Puis la treille au doux pamprE où stricts rosiers s'allient Suis-je Amour l'ocre Hélios Schwarzschild Planck ou Biron Mon front clair s'oint de pOurpre au baiser de la reine Songeant bien quiet dans L'antre où nagea la sirène Lors j'ai su traversEr une fois l'Achéron Vocaliser opus aInsi que coryphée Évoé amuï éLyséen ô fée
Cette deuxième version, composée vingt ans après la première, fait apparaître les mots « SINISTRE SOLEIL » sous forme d'acrostiche interne.
© Gilles Esposito-Farèse – 2000