Homérique
Ô Muse, chante-moi le veuvage de l'homme à la tour abolie, le tyran ténébreux qu'au pays des Galates, nul n'a consolé, quand mourut son seul astre, lui, oui, dont la cithare scintillante brille de l'éclat de la noire Érinye. Ô Athéna, toi, Immortelle qui m'as consolé, dit-il dans la nuit de l'Hadès, rends-moi à Pénélope, à la riante Ithaque où la fleur était si agréable à mon cœur infortuné, Ithaque où la vigne noueuse s'allie sur la treille à la rose épineuse. Ayant ainsi parlé, il médita en son cœur : suis-je encore Achéen ou déjà Phéacien, est-ce Laomédon ou Priam, sur le front duquel rougit encore l'outrage du baiser de la reine Hélène aux belles boucles ? Tels en effet étaient les rêves qu'il méditait en lui dans la caverne, près de là où nagent les Sirènes, après qu'il eut par deux fois, vainqueur de Troade, traversé l'Achéron. Aussitôt que sortit l'Aurore aux doigts de roses, l'aède Démodocos, sur la lyre au chant clair qu'il tenait du divin Orphée, modula les soupirs de Calypso et les cris de Circé.
Extrait de L'Odyssée d'Homère.
© Er Panthéon – 2017