Intransitif par vers
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
L'astre a d'abord canné, — notre orgue constellé
Mène le soleil noir à la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
Le ru qui là plaisait à mon cœur désolé,
Et la vigne où le pampre aux chics roses s'allie.
Suis-je aède d'Amour, image de Biron ?
Ma face est rouge encor par la bise de reine,
Tant je rêve en la grotte où nagea la sirène...
Et j'ai vainqueur à fond traversé l'Achéron :
Tour à tour modulant à mon cistre d'Orphée
Les soupirs de la Schtroumpf et les sorts de la fée.
On considère qu'un vers en « domine » un autre si, en prenant au hasard un mot dans le premier vers et un mot dans le deuxième, le plus souvent le premier mot est plus long que le deuxième.
Dans ce sonnet, chaque vers domine le suivant. De plus, le dernier vers domine le premier. Contrairement à ce qu'on pourrait attendre, la domination n'est pas « transitive » mais peut donner lieu à des cycles.
Il y a de nombreux autres cycles de domination dans ce sonnet. Par exemple, dans la première strophe, le vers 1 domine le 2, le 2 domine le 3, le 3 domine le 4 et le 4 domine le 1. Tous ces cycles sont illustrés par un schéma sur le site de l'auteur.
Terne homme ténébreux,
Moi, monarque tourbeux :
Astre étoilé, téorbe
Tourneboulait noir orbe.
J'aimais profondément.
Rends Rome — franchement ! —,
La floraison indigne,
Vibrantes roses, vigne.
Olympien ? Non, seigneur ?
Baiser rubis, déesse !
Quel rêve, enchanteresse...
J'hydrofugeais, meneur,
Transposant cette lyre
En prodigieux délires.
Selon le même principe que le précédent, ce sonnet présente de nombreux cycles de dominations entre vers. Ils sont illustrés par un graphe dessiné pour un autre poème.
© les auteurs – 2024