Avatars de Nerval

El Desmaliettado

Je suis le malietteux, — le veuf, — démalietté,
Le prince de Maliette à la tour des maliettes :
Ma maliette est morte, — et mon luth malietté
Porte le poitrail noir de la Maliettie.

Maliette aux cris légers, toi qui m'as consolé,
Rends-moi la Maliette et la Maliettie,
La suie qui plaisait tant à mon cœur malietté,
Et Maliette où maliette à maliette s'allie.

Maliette ou Phébus ?... Jacquemort ou Boris ?
L’organe est rouge encor d'avoir baisé Maliette.
J'ai rêvé dans la grotte où nagent les maliettes,

Et j'ai deux fois vainqueur traversé la Maliette,
Maliettant tour à tour, sur le burin d'Orphée,
Les soupirs de maliette et les mœurs de maliette.

Gérard de la Maliette

La Malieta

Je suis la maliette à cœur vif et fragile
qui pince — occulte graine et contour du secret
où se dévoile en sorte un burin si fertile —
l’orbe encre caviar pour un autoportrait.

Dégarnir un chapeau, cette scène mutile
la suie ornant mon frac, qu’alors déchirerait
la peur d’un dos tourné, cause à vos yeux futile
mais dont sommeille l’ombre en morose forêt.

Las, qui m’étudiera ?... Qui saura me décrire ?
Mon poitrail rouge est corps de petite souris ;
j'ai gravé sous eau-forte une page de cris...

Je n’ai de foie au torse accroché, rien n’y gire
ondulant, fors le cœur, loge à spirituals
quand d’autres animaux n’ont qu’organes banals.