Je fuis Le Pen et Dreux, je veux Flins consoler,*
Je plains celui qui peine à son tour à Bali :
Mao-Tsé-Toung est mort, — et mes luttes zélées
Portent le drapeau noir de La Mecque au Chili.
Dans la nuit de Puteaux, toi qui as tant collé,
Rends-moi le pot, Philippe, et la tire d'Amélie**,
La peur qui faisait tant à mon corps esseulé,
Et les veilles où le peuple à la Rose s'allie.
Suis-je ouïgour ou bien russe ?... Allemand ou de Sion ?
Mon front est rouge encor du béret de la Seine*** ;
J'ai ragé dans des grèves où tonna la sirène...
Et j'ai vingt fois, de cœur, défilé à Nation :
Modulant tour à tour, sur billets paraphés,
Les soupirs de la junte et les écrits du Che.
Gérard
* Car s'il ne faut pas désespérer Billancourt, on peut aussi consoler Flins.
** Bon, en fait, le sonnet est dédié par Gérard à son pote Philippe, avec qui ils partaient coller des affiches dans la voiture de leur copine Amélie.
*** Gérard faisait partie de la fédération parisienne des jeunesses communistes.
© Patrick Flandrin – 2000