Prolétaire
Je suis le laborieux, — le bob, — le harcelé,
Le damné du boulot que la bourre humilie :
Ma solitude est morne, — et mon corps morcelé
Plombe mon sommeil lourd de son anomalie.
Dans le puits du labeur, toi qui m'as exilé,
Tends-moi la pince « grip » et la grande poulie,
Le fond qui manquait tant à mon art muselé,
Et la trêve où l'attente à la lutte pallie.
Suis-je à mon terminus ?... Affranchi du patron ?
Mon torse est raide encor du travail à la chaîne ;
J'ai rusé dans le bagne où l'homme se déchaîne...
Et j'ai cent fois vaincu débouché le litron :
Méditant tour à tour dans les bras de Morphée
Les soucis de l'absinthe et le prix du café.
Cher Art de Travail
© Alexandre Wajnberg – 2001