Militaire
Je suis le terne Hébreu, — un keuf déboussolé,
Je grince afin que saigne une foule abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon but révélé
Porte le soleil noir d'une pure folie.
Dans la nuit du tombeau, l'insoumis désolé,
Rends-moi ta peau ta tripe, âme amère avilie,
Ta peur amusait bien mon cœur tant vérolé,
Et je fraye la lèpre où névrose s'allie.
Suis-je vautour — obus ? Mis au ban — un Néron ?
Mon front est rouge encore à tuer dans l'arène ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la gangrène.
J'ai maintes fois craqueur massacré dans Hébron
Mitraillant tour à tour amputés et damnés
Qui expirent sans plainte aux cris des nouveaux-nés.
Complainte d'un soldat de l'armée israélienne.
© Alain Hupé – 2014