Avatars de Nerval

Tristounetto

Je suis le néné creux, le mou, l'inconsolé,
Le buste presque obscène à la courbe abolie
Ma plénitude est morte et mes bouts étiolés
Portent le tétin noir de la mélancolie.

Bissac vide et tombant que nul n'a cajolé,
Vois ma peau qui se ride et ma chair ramollie
Qui s'affaisse et qui pend sur un cœur désolé
Corps de vieille où le ventre à la ptose s'allie

Nuit d'amour, où es-tu ? — À vingt ans environ !
Mon tronc est rouge encor de ton baiser, Arsène
J'ai rêvé aussitôt d'hommages par dizaines.

Tu as deux fois vainqueur tété ce biberon
Mais tu as respecté, toi que la faute effraie
Ma crainte d'être enceinte... et mes grands cris d'orfraie.

Géraldine de Vieillarde