Odécaphonique
Je suis mourant, l'Auguste à l'air inconsolé,
Ce Prince au rang déchu dont la Tour est meurtrie.
L'astre sombre en l'oubli, l'autel infortuné !
Sous mon ciel pleure un luth l'âcre Mélancolie.
Dans l'abri du Tombeau, ce destin fou d'Orphée,
Épousant l'onde sœur, au chagrin s'est uni.
Rêve au fond d'une grotte, un amour gît sans Fée
D'un cœur poète hélas, rouge sang sur fond nuit.
Comment, du Flou, frôler l'insaisissable nom ?
Fus-je au cœur d'un mensonge, amoureux des Sirènes ?
Hors du monde — Ah ! mot vain, le courtisan des Reines ?
Nul n'ouvrit aux Enfers. Vainqueur de l'Achéron,
Rejouant sur ma lyre, un mot comblait Morphée :
Sans doute est-il un Seuil à l'ombre du Trophée.
Chaque vers comprend 12 phonèmes vocaliques différents (contrainte proposée par Strofka sous le nom « odécaphonisme »). Les 11 phonèmes vocaliques communs à tous les vers sont : [a] / [e] (fermé ou caduc) / [é] / [è] / [i] / [u] / [on] / [in] (ou [un]) / [an] / [ou] / [o] (ouvert ou fermé). Le douzième est alternativement un [o] (fermé ou ouvert) et un [œ]. Les semi-voyelles ne sont pas prises en compte.
© Raphaëlle Muller – 2017