Vérolé
Je suis le vénéneux, le gueux, le vérolé,
Le mâle en quarantaine à la couille amollie.
Ma queue étale est morne et mon cul constellé
Porte des bubons noirs et ma mélancolie !
Dans la nuit de l'hosto, toi qui m'as isolé,
Rends-moi un corps valide et la trogne embellie
La vigueur qui plaisait à mon être musclé
Et un sexe où le chancre est la chose abolie.
Wasserman ou Bordet, tout mon corps se corrompt.
Mon front qui était rouge est devenu tout blême.
Je vais crever... Bravo ! Tu gagnes, tréponème !
Et je te vois vainqueur... et moi sur l’Achéron,
Modulant tour à tour, en de tristes bouffées,
Le soupir de la plainte et la crise étouffée.
Gérard de Nervérol
Plainte d'un syphilitique.
© Alain Zalmanski – 2021