Verlainien
Prince girondin suis, au Procope exilé ;
Aux châteaux aquitains seul mon gosier m’allie.
Veuf de bocks abolis, un soleil m’a hâlé,
Aussi noir que mon encre et que moi-même : Hollie,
Sur ton zinc, dans ma nuit, que d’alcool j’ai sifflé !
Et ce pot-ci, lippé de la mousse à la lie,
Fleure en mon cœur les vers dont, jamais dessoûlé,
Je t’inonde Jennie et t’arrose Sallie.
Suis-je Amour ou Bacchus ? Rabelais ou Bibron ?
Mon nez est rouge encor mais ma plume est sereine
Car j’ai bu cet esprit qui teint et rassérène.1
Et j’ai, bourré cent fois, confondu cuilleron
Et crayon, l’encrier et mon verre, assoiffé
De soupirs et d’absinthe et d’écrits au café.
Paul Neirvale
[1] Neirvale a bien écrit « qui teint et rassérène » et non pas « qui teint et rase Irène ». Il a eu raison car non seulement cela n’aurait eu aucun sens, mais encore et surtout, soyons logiques, pourquoi teindre Irène si c’est pour la tondre ensuite ? (Aragon de Tarazcon)
Hommage à Paul Verlaine (1844-1896). Son nom se retrouve en anagramme dans celui de Neirvale.
© Alain Le Pourhiet – 2018