Ô tristesse ! ô ténêbre ! ô veuvage ennemi !
Le prince d'Aquitaine a vu cette infamie ;
De la mélancolie le soleil que je porte
M'a fait voir en un jour ma seule étoile morte ?
Ô toi qui dans la nuit a su me consoler,
Ô toi qui d'Italie m'as pris les castelets
Et maintes fois cueilli la fleur que j'aimais tant,
Rends-moi enfin ces biens et tous leurs ornements !
Ô souvenirs d'Amour, de Phœbus ou Biron,
Baiser qui tant de jours a fait rougir mon front !
Mon haut rang n'admet point de rêver de Sirène
Et mon jaloux orgueil, d'être indigne de Reine.
Faut-il ayant vaincu trente fois l'Achéron ?
Faut-il encor l'éclat d'un glorieux clairon
Pour mourir sans les cris des fées, sans lendemain,
Ou vivre avec la sainte aux soupirs inhumains ?
Pierrard de Nerveille
Parodie de la tirade de Don Diègue dans Le Cid de Pierre Corneille (1606-1684), acte I, scène 4. À ce point de vue du père répond celui de son fils.
© Alain Zalmanski – 2000