Cornélien 2
Suis-je objet malheureux ! Mon père est offensé,
Gormaz en quarantaine, à ma race avanie.
Tous mes plaisirs sont morts et son œil amoché
Porte le sillon noir de sa gloire ternie.
Dans sa nuit, Don Diego du combat empêché,
Je demeure immobile : aimable tyrannie,
Sainte si près de voir mon feu récompensé,
Fée qui retient mon bras. Injuste zizanie !
Suis-je amour ou vengeance ? Honneur de ma maison ?
Mon affront impuni ? Ô Dieu ! L'étrange peine !
Je rêve de punir le père de Chimène,
En ne me vengeant pas, sans tirer ma raison.
Tour à tour généreuse est mon âme égarée,
Mais ensemble amoureuse... Ah ! La perte assurée !
Parodie de la tirade de Rodrigue dans Le Cid de Pierre Corneille (1606-1684), acte I, scène 6. Ce point de vue du fils répond à celui de son père.
© Bernard Maréchal – 2016