Théâtre de l'absurde
Le ténébreux : Je suis.
Le veuf : Je suis.
L'inconsolé : Je suis.
Le prince d'Aquitaine : Ma tour est abolie.
L'étoile : Je suis morte et bien seule.
Le luthier : Puis-je vous offrir un instrument constellé ?
Le porteur : Dieu qu'il est lourd, ce soleil noir de la
mélancolie !
Toi : Je t'ai consolé.
Moi : Certes, mais rends-moi le Pausilippe !
Toi : Pourquoi pas la mer d'Italie, pendant que tu y es ?
Moi : Absolument !
Toi : En attendant, voici la fleur qui plaisait tant à ton
cœur désolé.
Moi : Merci ! Où l'as-tu trouvée ?
Toi : Sur une treille où le pampre et la rose font des
cochonneries.
Amour : Suis-je ?
Phébus : Suis-je ?
Lusignan : Suis-je ?
Biron : Suis-je ?
La reine : Bisou !
Le front : Sapristi ! je suis tout rouge !
La sirène : Tu peux toujours rêver ! Moi, je
nage !
Le vainqueur : Une fois !
Le vainqueur : Deux fois !
L'Achéron : Arrêtez de me traverser !
J'aimerais couler en paix des jours heureux !
Orphée : Nom de Zeus ! Quelqu'un m'a piqué ma
lyre pour y moduler des messages sibyllins.
La sainte : Oh là là, snif, ouf !
La fée : Aaaaah, aïe, ouille !
© Pascal Kaeser – 2001