Fausses rimes
Je suis le ténébreux, — le veuf, — le cénobite,
Le prince d'Aquitaine avec ma grosse tour.
Ma seule étoile est morte, — et mon splendide luth
Porte le soleil noir d'un sale fils de spleen.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe, espèce d'Ancônais,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur mal à l'aise
Et la treille où le pampre et la rose se lient.
Suis-je Amour ou Phébus ?... Biron ou Pénélope ?
Mon front est rouge encor d'une belle satrape ;
J'ai rêvé dans la grotte où Sirène à vécu
Et j'ai deux fois vainqueur traversé ton gros fleuve,
Modulant tour à tour sur la lyre en plein spasme
Les soupirs de la sainte et les cris de l'orfraie.
Les vers de rang impair se terminent chacun par un mot qui suggère que le vers suivant, s'il rime avec lui, se terminera par un mot injurieux ou grossier. En réalité, les vers ne riment pas et ne contiennent pas de tels mots. Ce procédé se retrouve dans de nombreuses chansons humoristiques : La jeune fille du métro, Folâtrerie, Ouvre la fenêtre, etc.
Nicolas Graner, 2016, Licence Art Libre